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Dix ans après le printemps érable, la voix des jeunes compte plus

Photo: Yves Provencher/Métro

Métro souligne les 10 ans de la plus importante grève étudiante de l’histoire du Québec, surnommée le «printemps érable». Tout au long de l’année, nous produirons des reportages sur les acteurs du mouvement, les impacts de la crise et la situation des étudiants d’aujourd’hui.


Il y a 10 ans, des centaines de milliers d’étudiants du cégep et de l’université ont déclenché la grève la plus longue et la plus imposante de l’histoire du Québec et du Canada afin de protester contre la décision gouvernementale de l’époque d’augmenter les frais de scolarité. Les grèves étudiantes de 2012, qui ont mobilisé 300 000 étudiants à travers le Québec, ont influencé pour le mieux la manière dont on écoute la voix des jeunes étudiants, affirment des personnes rencontrées par Métro

Si les grèves touchaient en très grande majorité les établissements d’enseignement supérieur, des élèves de certaines écoles secondaires étaient aussi mobilisés par moments. 

Or, à cette époque, la mobilisation des jeunes de moins de 18 ans n’était pas quelque chose qui était accepté, à la fois par les autorités scolaires, mais aussi par les médias, explique la professeure titulaire au département de science politique de l’Université de Montréal Pascale Dufour. «Le traitement médiatique qu’ont reçu ces jeunes était d’une arrogance et d’un mépris paternalisant assez terrible, dit-elle. On leur disait de retourner sur les bancs d’école. […] Il y a vraiment eu une réaction forte des autres acteurs vis-à-vis de ces jeunes mobilisés.»

Une acceptation graduelle

Contrairement à ce qui a pu être observé en 2012, aujourd’hui les mouvements sociaux portés par les élèves de 18 ans et moins sont mieux accueillis, autant par les établissements scolaires, les médias que la population en général, estime Pascale Dufour.

Elle mentionne l’exemple des grèves étudiantes appelant à l’action climatique qui sont portées par des élèves mineurs. «Ce qu’on voit, c’est une mobilisation très forte dans les écoles secondaires avec une ouverture à la mobilisation. [Il y a] une acceptation un peu plus grande et un peu plus forte du fait que les jeunes des écoles secondaires puissent éventuellement prendre la parole, s’exprimer et avoir un avis politique, ce qui leur est souvent refusé dans l’espace public», explique-t-elle.

De plus, le traitement médiatique de ces manifestations de jeunes étudiants est beaucoup plus bienveillant, ajoute Pascale Dufour. Selon elle, cela démontre une «acceptation graduelle» face au fait que les jeunes, sans être majeurs, peuvent avoir une opinion sur les décisions politiques qui les concernent. 

«À mon avis, il y a eu un apprentissage collectif qui a été fait par rapport à ça, à la fois pour les étudiants du secondaire eux-mêmes, mais aussi pour le reste de la société», affirme-t-elle.

2012, une source d’inspiration

Le 27 septembre 2019, 500 000 manifestants avaient envahi Montréal à l’occasion de la grande marche pour le climat en présence de la militante Greta Thunberg.

Étudiante au secondaire à l’époque, Léo Delvaux-Beaudoin a été au cœur de l’organisation de cette importante manifestation pour le climat avec le collectif «Pour le futur Montréal». Aujourd’hui âgée de 19 ans, la jeune adulte raconte que les mobilisations de 2012 ont eu un grand impact sur elle et son désir de s’impliquer davantage dans des causes qui lui tiennent à cœur.

En effet, Léo se rappelle avoir marché maintes fois aux côtés de sa mère, professeure de littérature à l’université, lors du printemps érable. «C’est là que j’ai eu mon savoir politique et que j’ai commencé à être éduquée politiquement», affirme l’étudiante au cégep du Vieux Montréal.

Elle croit que sa participation aux manifestations étudiantes de 2012 lui a donné envie d’être à la tête de mouvements sociaux, comme celui de la lutte aux changements climatiques. «En 2012, je n’étais qu’une partie minime du mouvement, mais en 2019 j’ai pu prendre plus ma place, surtout que c’était ma génération qui était visée.»

Si les jeunes âgés de 18 à 25 ans des démocraties occidentales libérales ont toujours été, historiquement, à l’avant-plan de beaucoup de mouvements sociaux, on voit de plus en plus de mineurs s’impliquer à leurs côtés, indique Pascale Dufour. «Il y a une tradition de mobilisations fortes et de possibilités de mobilisations fortes en milieux étudiants qui ne datent pas de 2012. Mais à cause de l’ampleur de 2012, la barre est devenue un peu plus haute encore. Ça a ouvert des possibilités dans les imaginaires, ça c’est certain», souligne-t-elle.

Malgré la plus forte mobilisation des jeunes de 18 ans et moins, Léo Delvaux-Beaudoin est d’avis qu’on ne considère toujours pas assez leur opinion dans l’espace public. «Les gens disent qu’ils nous écoutent, mais ce n’est pas vrai», déplore-t-elle. 

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