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Le taux de suicide en baisse, surtout chez les jeunes

Photo: iStock

Le nombre de personnes ayant commis un suicide au Québec a diminué en 2020. Un constat qui suit une tendance claire depuis le début du 21e siècle dans la province. Mais si le taux de suicide est plus bas chez les jeunes et à Montréal, il reste important chez les hommes cinquantenaires, et très élevé au Nunavik.

C’est à Montréal que s’observe le deuxième taux de suicide le plus bas de la province, et c’est la région de Laval qui affiche le plus bas taux.

En 2020, 12,3 suicides pour 100 000 habitants ont été recensés dans la province. Il s’agit du plus bas niveau observé depuis 40 ans, et ce, malgré les mesures de confinement liées à la pandémie de COVID-19. Les hommes ont un taux de suicide de 18,8 par 100 000 habitants, comparativement à 5,9 par 100 000 habitants chez les femmes.

Le taux de suicide chez les jeunes hommes a cependant considérablement diminué depuis la fin des années 1990, alors qu’il atteignait des sommets. Les hommes de 15 à 19 ans sont désormais moins vulnérables face au suicide que leurs aînés. Le taux de suicide de cette tranche d’âge a été divisé par 4,2 en 2020, comparativement à 1995.

«Il s’agit d’une très belle courbe» par rapport à la forte baisse des suicides chez les plus jeunes, se réjouit Cécile Bardon, professeure de psychologie et directrice associée au Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, enjeux éthiques et pratiques de fin de vie (CRISE).

Cependant, pour les visites et les hospitalisations à la suite de tentatives de suicide, l’écart entre les femmes et les hommes se creuse toujours. Les femmes étaient ainsi 75% plus vulnérables d’être hospitalisées après une tentative de suicide que les hommes en 2021. En 2008, cet écart était de 28%. Il a donc presque triplé.

Indicateurs préoccupants

Les comportements suicidaires sont en hausse chez les filles et les jeunes femmes. Chez les garçons et jeunes hommes, une tendance similaire, mais moins forte se dessine.

Ainsi, les jeunes ont davantage visité les urgences pour des tentatives de suicide ou des idées suicidaires. Ils ont également été plus hospitalisés à la suite d’une tentative de suicide.

Les filles de 15 à 19 ans vont trois fois plus aux urgences après une tentative de suicide que les garçons du même âge. Ce taux de visite des urgences est considérablement plus élevé que pour n’importe quelle autre tranche d’âge, et ce, peu importe le genre.

Stabilité

Chez les hommes et les femmes plus âgés, les tentatives de suicide et les pensées suicidaires qui ont mené à des visites aux urgences sont soit stables, soit en diminution.

Chez les hommes et les femmes de 20 à 34 ans, le taux de suicide a aussi fortement baissé et se stabilise désormais. Une diminution moins forte, mais tout de même considérable est aussi observée chez les hommes de 35 à 49 ans et chez les femmes de 35 à 64 ans.

Il est difficile d’expliquer cette baisse du suicide, car «énormément de facteurs entrent en compte», note la Dre Bardon. Par exemple, après les hauts taux de suicide des jeunes dans les années 1990, le Québec s’est doté de stratégies nationales de prévention, «ce qui aurait pu aider», précise-t-elle.

«La prévention a été orientée vers les jeunes et leurs conditions de vie sont moins délétères», constate Cécile Bardon. Il y a davantage de ressources disponibles pour eux.

Un important travail a également été effectué pour déconstruire la notion de «l’homme alpha qui ne demande pas d’aide et meure avec ses souffrances» et aujourd’hui, les jeunes hommes valorisent moins cette vision et davantage le fait d’avoir un réseau social développé, ajoute-t-elle.

Les hommes de plus de 50 ans ont cependant vu leur risque de commettre un suicide diminuer moins rapidement que les autres groupes.

Et si, pour les adolescentes de 15 à 19 ans, le taux de suicide très bas reste stable, les femmes de plus de 65 ans forment le seul groupe d’âge qui est devenu davantage vulnérable.

Quels effets de la pandémie?

La pandémie n’a pas mis un terme à la baisse continue des suicides au Québec, malgré les mesures pour endiguer la COVID-19 qui ont forcé les Québécois à rester à la maison, télétravailler, étudier à distance et moins voir leurs proches.

«En France, les mêmes statistiques ont été observées, indique le professeur de psychologie à l’UQAM Angelo Dos Santos. On n’a pas constaté de hausse malgré la pandémie.»

Les mesures de confinement ont peut-être même eu des effets positifs sur les Québécois, croit-il. Par exemple, certains parents auraient passé plus de temps avec leurs enfants, ou certains travailleurs se seraient éloignés de milieux de travail toxiques.

De plus, même si le chômage est un facteur potentiel dans les comportements suicidaires, le chômage en temps de pandémie «était accompagné d’importantes aides gouvernementales, donc, cela aurait pu avoir un effet de protection», estime M. Dos Santos.

«Il y a aussi le travail des organismes qu’il ne faut pas sous-estimer, mentionne le chercheur. Plusieurs d’entre eux font un travail colossal de prévention avec trop peu de ressources», ajoute-t-il.

Tendance forte au Nunavik

À l’opposé de la majorité de la province, les résidents du Nunavik – à 90% Inuit – sont 19,5 fois plus vulnérables face aux comportements suicidaires que ceux de Montréal.

«Ce sont les conséquences du colonialisme et des traumatismes intergénérationnels liés à ça», avance Cécile Bardon. Afin de réduire la détresse des peuples autochtones, «il y aura du travail à faire pour compenser les pertes liées au colonialisme», estime-t-elle.

Si vous ressentez de la détresse ou des idées noires, de l’aide est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, partout au Québec. Les services sont gratuits, bilingues et confidentiels. Téléphone : 1 866 APPELLE (277-3553). Texto : 535353. Clavardage et outils : www.suicide.ca.

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