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Contrairement à ce qu’on pensait, les souris mâles sont plus erratiques

Photo: iStock - Alptraum

Longtemps, les souris mâles ont été privilégiées sur les femelles dans les tests de laboratoire : on disait que les cycles menstruels de ces dernières, en perturbant leurs comportements, perturberaient du même coup les résultats. Or, les dernières études à ce sujet tendent plutôt à croire que les mâles ont aussi ce problème.

Ce n’est pas en soi une révolution : il y a très longtemps que des scientifiques dénoncent ce déficit de femelles souris lorsque l’on teste, par exemple, un médicament. Le prétexte des « hormones », disait par exemple en 2019 la chercheuse en neurobiologie Rebecca Shansky, devrait aussi s’appliquer à la testostérone des mâles, puisqu’elle est elle aussi soumise à des hauts et des bas.

Or, dans une étude publiée le 7 mars dans la revue Current Biology, des données obtenues avec l’aide de l’intelligence artificielle confirment effectivement que le cycle menstruel a peu à voir avec la façon dont les comportements des femelles changent, ou pas. En fait, une analyse par fraction de seconde des comportements de ces souris montre que ce sont les mâles qui ont un comportement plus « variable ».

Il faut se rappeler que jusqu’aux années 1990, les femmes étaient plus souvent écartées des essais cliniques de médicaments, sur la base de la même prémisse. Avec pour conséquence que des médicaments ont, au fil du temps, été mal dosés ou mal adaptés pour les femmes. Un exemple souvent cité : le somnifère Ambien qui, jusqu’à ce que l’on change le dosage en 2013, avait plus d’effets secondaires chez les femmes que chez les hommes.

Rebecca Shansky, du département de psychologie de l’Université Northeastern à Boston, qui est coauteure de la nouvelle recherche, dénonce ce mythe d’un lien entre « hormones » et « instabilités » ou « émotions » depuis longtemps : en plus d’avoir imprégné la recherche sur les médicaments, ce mythe s’est inséré dans les recherches sur le cerveau. En 2009, rappelle-t-elle, les animaux mâles étaient six fois plus nombreux que les femelles dans les recherches en neurosciences.

Ce n’est évidemment pas la première fois qu’une étude remet en question la prémisse d’un lien entre menstruations et comportements chez les souris. Mais c’est peut-être la première à pointer avec autant de précision que, s’il fallait conclure qu’il y a un des deux sexes qui a un comportement plus erratique, ce serait plutôt le mâle.

Avec des caméras capables de prendre 30 images à la seconde, l’intelligence artificielle a pu identifier une myriade de comportements « brefs » (moins d’une demi-seconde chacun) chez 16 mâles et 26 femelles dans un espace clos, 20 minutes par jour pendant 15 jours. Aucune variation de ces comportements n’a pu être liée au cycle menstruel des femelles. Et la variabilité ou l’imprévisibilité de ces comportements était plus élevée chez les mâles. Dans leur cas, on n’a pas identifié de cause.

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