Trois lacunes ont mené à la mort d’un travailleur

L'IRIS somme Québec de tenir une commission d’enquête qui aura pour mandat de «faire la lumière» sur les liens entre le financement et la prévention des accidents en milieu de travail à la CNESST. Photo: Collaboration spéciale

Le 5 juillet dernier, Sylvain Désy perdait la vie à la suite d’un accident de travail. Les enquêteurs de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ont identifié des lacunes dans les opérations de transvasement d’essence effectuées par le travailleur, ce qui a conduit à son décès.

Le mécanicien à l’emploi de l’entreprise Service Bel Auto inc., dans Mercier-Est, procédait à des travaux de réparation sur la pompe à essence d’une camionnette dans la fosse de réparation du garage au moment de l’incident.

Premier constat de la CNESST, l’utilisation de la fosse de réparation pour exécuter des travaux qui impliquent la manipulation d’un liquide inflammable (essence) va à l’encontre des règles de l’art.

«En effectuant le transvasement à l’intérieur de la fosse, les travailleurs ont favorisé l’accumulation des vapeurs d’essence dans l’environnement immédiat où ils effectuaient leurs tâches», écrit-on dans le rapport des enquêteurs.

Second constat, la fosse n’était pas équipée d’une ventilation mécanique pour assurer une bonne circulation de l’air.

Pourtant, le Règlement sur la santé et la sécurité du travail (RSST) exige une ventilation mécanique capable d’assurer un débit de ventilation au moins égale à 12 fois, par heure, le volume de la fosse.

Cette absence de ventilation mécanique a permis aux vapeurs d’essence de s’accumuler en quantité suffisante pour créer des conditions propices au déclenchement d’un incendie.

Troisième constat, les opérations de transvasement ont aussi été au cœur du problème, notamment le recours à une pompe et à un bloc d’alimentation pour procéder au transvasement. Cette méthode exposait directement les travailleurs à un incendie.

«Le rapport de l’expertise de la pompe a mis en évidence que le contact des fils électriques aux connecteurs du bloc d’alimentation produisait d’importants arcs électriques au niveau des connexions. La source d’ignition des vapeurs inflammables est attribuable à ces arcs électriques», révèle le rapport de la CNESST.

Cette dernière rappelle que le transvasement d’essence doit se faire à l’aide d’un transvideur certifié qui contrôle l’électricité statique et limite la dispersion des vapeurs d’essence.

Ce type d’opération doit également se faire dans un endroit aéré, loin des sources potentielles d’ignition. Des manquements qui ont eu des conséquences tragiques pour M. Désy.

Le propriétaire de l’entreprise Service Bel Auto inc., Said Belouarda, a pris bonne note des recommandations et constats de la CNESST.

Il a acquis un transvideur certifié et la fosse a été remblayée.Les employés ont aussi reçu de la formation pour s’assurer que les processus soient conformes à ceux de la CNESST.

«Avant d’être un employé, Sylvain était un ami. Ce qui est arrivé est malheureux. C’est un accident et tout a été mis en place pour ne pas que cela se reproduise», conclut M. Belouarda.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.