Fonction publique, une voie sans retour?

Lorsque l’un de mes candidats, un jeune comptable agréé sortant d’un cabinet, m’a annoncé vouloir travailler pour le gouvernement, je lui ai conseillé d’y penser à deux fois, surtout en début de carrière. Travailler pour le gouvernement est effectivement très tentant : des heures plus que raisonnables, un salaire honnête, de bonnes conditions, des objectifs pas trop stressants et surtout… la sécurité d’emploi! Mais avant de se laisser séduire, mieux vaut être sûr de son choix, car il y a de fortes chances pour que ce soit un mariage sans possibilité de divorce.

En effet, il n’est pas rare que cette occasion en or se transforme en impasse professionnelle. Ironiquement, les conditions qui vous ont convaincu de choisir le gouvernement sont aussi celles qui vous pousseront à le quitter, car rapidement, on tourne en rond! L’ambiance de travail est moins stimulante que dans le privé, les défis ne sont plus au rendez-vous et, quand ils le sont, ils sont entravés par d’interminables protocoles. Certains s’y plaisent, mais d’autres s’en lassent et veulent retrouver un environnement plus dynamique. Malheureusement, c’est là que ça coince.

Le privé a tendance à considérer que, si vous avez choisi cette voie, ce n’est pas par hasard. Sous entendu : vous n’êtes peut-être pas fait pour un rythme plus soutenu, d’autant que, même si vous êtes de bonne volonté, après plusieurs années dans la fonction publique, vous aurez pris des mauvais plis. Il est effectivement possible que vous ne soyez plus en mesure de tenir la cadence.

Personnellement, je trouvais ce raisonnement un peu dur, voire discriminatoire. C’est pourtant une réalité palpable. En général, les candidats qui souhaitent quitter la fonction publique le font car ils s’y ennuient. D’accord… mais paradoxalement, quand je leur demande quel genre de poste ils recherchent,  ils répondent toujours : «Je veux un poste à trente-sept heures et demi, quatre semaines de vacances, des heures supplémentaires payées, un horaire flexible et mes deux pauses café quotidiennes…»  Que répondre à cela ? «Et bien restez où vous êtes!»

N’ayons pas peur des mots ; après un certain temps de l’autre côté de la barrière, l’étiquette «Gouvernement» vous collera à la peau. De la même façon qu’un candidat faisant trop de contrats ne trouve plus de poste permanent, la fonction publique, elle aussi, est une destination finale.

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