Le soccer au pays des talibans!
Le 18 septembre, L’Afghan Premier League (APL) – appelé aussi Roshan Afghan Premier League) –, un nouveau Championnat de soccer, a vu le jour au pays des talibans!
Trois décennies de guerre et de divisions ethniques, dont près de six ans sous le régime terrifiant des talibans (1996-2001), n’ont pas suffi à sortir l’amour du soccer du cœur des amateurs afghans.
À la fin des années 1990, dans le stade de Kaboul, on se rappelle tous de ses images horribles où on proposait des spectacles d’exécutions sommaires, d’amputations et d’autres flagellations, dès fois même, durant les mi-temps des parties de soccer.
Moins de dix ans après la chasse des talibans des rênes du pouvoir, la réalité change progressivement. La télé envahit les foyers afghans. Là-bas, le taux d’équipement en téléviseurs a, en effet, explosé pour passer de 0 à 60 %. Et là où il y a des télés, il faut des shows.
Des passionnés du ballon rond soutenus financièrement par d’importants groupes locaux, notamment des réseaux de communication, ont imaginé une émission de téléréalité pour promouvoir ce nouveau championnat de soccer. On a créé huit équipes représentant les principales zones du pays. Puis, on a invité le public à déposer sa candidature pour décrocher un poste de joueur professionnel. Entre 3000 à 4000 prétendants se sont empressés afin de faire partie du show!
Avant le début de la téléréalité, une première sélection a permis la désignation d’un cru des trente meilleurs joueurs. C’est à ce moment-là que le public a été sollicité pour départager les heureux élus par le biais des SMS et des appels téléphoniques. On a ainsi départagé les candidats par heure de grande écoute des télés locales.
Pour corser le programme, comme c’est le cas pour toute autre téléréalité, des épreuves avaient été préparées. Courses dans la boue, sauts poids aux pieds, exercices techniques ou encore conversations avec un psychologue étaient au programme.
Chaque région avait accès aux émissions sur sa formation. Au final, trois des 18 membres de chaque formation ont été choisis par le public. Les 15 autres ont été sélectionnés par les entraîneurs.
Même si les talibans ne sont plus au pouvoir, ils ont une influence sur la vie quotidienne de tout un chacun, puisqu’ils contrôlent encore plusieurs régions tribales. Leur capacité de nuisance étant très importante, le show n’aurait pas eu lieu si les hommes au turban noir ne l’avaient pas toléré. Mais, les talibans sont aussi férus de soccer. Comme quoi, l’humain est partout pareil!
Enfin, le championnat s’est joué exclusivement à Kaboul, la capitale hautement sécurisée. Tous les matches étant retransmis en direct à la télévision par deux chaînes, l’une en dari, l’autre en pachtoune.
Un mois après, le 19 octobre, le Tofan Harirod, l’équipe qui représentait les provinces de Herat et ses environs de l’ouest du pays, a gagné ce premier championnat par un score de 2 à 1 contre le Simorgh Alborz, l’équipe qui représentait les provinces du nord du pays près de Alborz. L’équipe vainqueur a empoché une prime de 15 000 $!