Un prophète : la loi de la jungle
Grand Prix du jury à Cannes en 2009, Prix Louis-Delluc (attribué au meilleur film français sorti pendant l’année), gagnant de 9 Césars en fin de semaine dernière et jouissant d’une critique unanime et dithyrambique, le film Un prophète de Jacques Audiard (Un héros très discret, De battre mon coeur s’est arrêté) est-il aussi bon qu’on le laisse entendre? La réponse est oui.
Ce film raconte l’histoire de Malik (Tahar Rahim, excellent), un jeune arabe philistin qui doit purger une peine de six ans pour avoir agressé un policier à l’arme blanche. À peine arrivé dans la jungle de la prison, le jeune Malik est pris en charge par César (Niels Arestrup, solide) un mafieux corse qui fait la loi en prison et qui lui garanti une protection si ce dernier liquide un confrère arabe qui doit témoigner contre lui. En homme de main de César, Malik fait le dur apprentissage de la vie, tisse des liens avec d’autres détenus et est à la quête de sa propre identité.
Cinquième long métrage et le meilleur à ce jour du fils du grand dialoguiste Michel Audiard, Un prophète est un film très fort et sans compromis sur le milieu carcéral et mafieux. D’une grande maîtrise, le scénario est habilement construit et la mise en scène percutante et virtuose du cinéaste (qui ne sombre toutefois jamais dans le m’as-tu-vu) est à couper le souffle et rappelle un peu le Scorsese des belles années. Dans son premier rôle majeur au cinéma, le jeune Tahar Rahim crève l’écran et se révèle d’une justesse exemplaire. J’hésite encore à qualifier ce film de chef-d’oeuvre, mais Un prophète est une oeuvre exceptionnelle à tout point de vue. À voir absolument!