Permis de tuer
Près de chez nous, quand la mort fauche injustement des innocents, l’effroi nous broie! Qu’en est-il quand la folie meurtrière terrasse d’honnêtes citoyens à l’autre bout du monde?
Grâce à de périlleuses collectes d’informations effectuées par des ONG courageuses comme WikiLeaks, des quotidiens respectables comme Le Monde et The Guardian nous ont ouvert les yeux. En 10 ans de présence américaine en Irak, il y a eu environ 160 000 morts civils, soit 8 fois l’assistance d’un Centre Bell plein à craquer quand le Canadien reçoit les méchants Bruins de Boston!
Des vies volées dans des circonstances tragiques. Souvent, des convois de mariage ont été pris pour des colonnes de «combattants ennemis» par l’œil d’un drone guettant sa proie tel un vautour dans les airs. Et puis, quelqu’un, quelque part dans la chaîne de commandement de l’armée américaine, prend la décision d’engager le tir. D’un clic, quelque part, dans une caserne paisible du désert texan, un soldat cloîtré derrière son ordinateur, comme dans un jeu vidéo, réduit à néant tout un village. Fini!
Dans les nouvelles, un lecteur nous informe qu’un tir accidentel a entraîné la mort par erreur de civils qui se trouvaient là, au mauvais moment, à la mauvaise place! Depuis le Viêtnam, pour déshumaniser ces victimes, l’Oncle Sam a créé une expression militaire euphémique qui réduit la mort tragique de civils en zone de guerre à de simples dommages collatéraux.
Du jour au lendemain, les familles des sacrifiés sombrent dans la folie, la rage et la colère. Le tueur n’est pas un aliéné sous l’emprise d’un délire sanguinaire. Non! Le tueur est un État, le plus puissant de notre planète.
Les États-Unis ont envahi l’Irak sans aucun droit. Les États-Unis y ont tué des innocents dans l’impunité la plus totale. Les États-Unis ont trompé la planète entière. Ils ont dit détenir des preuves criantes qui montraient que le dictateur Saddam Hussein détenait bel et bien des armes de destruction massive. Et on attend toujours la vérité. Du coup, au lieu de combattre la terreur, l’Amérique a nourri les frustrations des populations civiles locales.
De 2001 à 2009, le business de la guerre a dopé le pouvoir des faucons républicains, qui ont fait la pluie et le beau temps à la Maison-Blanche. Ils ont imposé au monde une fausse impression : celle que le terrorisme serait puissant et capable de frapper aveuglément partout sur notre planète. Volontairement ou pas, George W. Bush, Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz ont été, pendant huit ans, les meilleurs recruteurs d’Al-Qaïda.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.