Pelosi met en doute l’aptitude de Trump à gouverner et invoque le 25e amendement

Photo: Chip Somodevilla/Getty Images

WASHINGTON — La présidente de la Chambre des représentants met en doute l’aptitude du président Donald Trump à assumer ses fonctions et a annoncé jeudi une mesure législative qui créerait une commission pour permettre au Congrès d’intervenir en vertu du 25e amendement de la Constitution et de dépouiller le président de ses responsabilités.

Quelques semaines à peine avant les élections du 3 novembre, Nancy Pelosi a déclaré que le président Trump devait divulguer davantage d’information sur sa santé après son diagnostic de COVID-19. Elle a suggéré d’invoquer le 25e amendement, qui permet au cabinet d’un président ou au Congrès d’intervenir lorsqu’un président est incapable de s’acquitter des tâches de sa fonction.

Elle entend présenter vendredi la législation qui lancerait la commission pour examiner la question.

Donald Trump n’a pas perdu de temps pour répliquer sur Twitter. «Nancy la folle est celle qui devrait être sous observation. Ils ne l’appellent pas la folle pour rien!» a écrit le président.

Ses opposants discutent depuis un certain temps de la possibilité d’invoquer le 25e amendement, mais ce n’est que maintenant qu’ils l’évoquent publiquement, alors que des questions persistent sur la santé du président. M. Trump assure qu’il «se sent bien» depuis son retour à la Maison-Blanche après avoir été hospitalisé pendant trois jours. Mais ses médecins ont donné des signaux mitigés sur son diagnostic et son traitement. M. Trump a dit qu’il allait bientôt reprendre sa campagne.

Le Congrès ne siège pas actuellement, ce qui signifie que tout examen sérieux de la mesure, sans parler des votes à la Chambre des représentants ou au Sénat, est peu probable. Mais le projet de loi sert d’outil politique pour susciter des questions sur l’état de M. Trump pendant la pandémie de coronavirus.

Le projet de loi créerait une commission comme le prévoit le 25e amendement, qui a été adopté par le Congrès et ratifié en 1967 comme moyen d’assurer la continuité du pouvoir à la suite de l’assassinat du président John F. Kennedy.

Il indique que le vice-président et une majorité des principaux dirigeants des départements exécutifs «ou de tout autre organe comme le Congrès» peuvent, par la loi, fournir une déclaration au Congrès disant que le président «est incapable de s’acquitter des pouvoirs et des devoirs de sa fonction». À ce stade, le vice-président assumerait immédiatement les pouvoirs de président par intérim.

Le plan d’aide pendant la pandémie

Plus tôt jeudi, Mme Pelosi avait déclaré qu’elle était «à la table» et toujours prête à négocier un plan de soutien économique pendant la pandémie. Le président Trump a brusquement interrompu les pourparlers cette semaine, laissant des millions d’Américains sans soutien financier supplémentaire. Le lendemain, il a fait volte-face et a tenté de relancer les discussions en mettant de l’avant ses priorités, dont des chèques de soutien de 1200 $ pour presque tous les Américains adultes.

Ces revirements sont survenus au milieu d’un déluge de publications sur Twitter après le retour de M. Trump à la Maison-Blanche au terme de son hospitalisation pour la COVID-19.

M. Pelosi a indiqué jeudi qu’elle avait dit au négociateur en chef de M. Trump, le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, qu’elle était disposée à envisager une mesure pour soutenir l’industrie du transport aérien, qui fait face à des licenciements généralisés. Mais cette aide, a-t-elle dit, doit aller de pair avec une législation plus large comprenant d’autres mesures de lutte contre la pandémie comme des tests de dépistage et des efforts de traçage que les démocrates jugent nécessaires dans le cadre d’une stratégie nationale visant à «écraser le virus».

«Des vies sont en jeu», a affirmé Mme Pelosi au Capitole. «C’est extrêmement grave.»

Dans un aveu étonnant, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a laissé savoir jeudi qu’il avait cessé de se rendre à la Maison-Blanche il y a deux mois parce qu’il n’était pas d’accord avec ses protocoles de prévention de la COVID-19. Sa dernière visite remonte au 6 août.

«Mon impression était que leur approche de la façon de gérer cela était différente de la mienne et ce que j’ai insisté pour que nous fassions au Sénat, c’est-à-dire porter un masque et pratiquer la distanciation sociale», a dit M. McConnell alors qu’il faisait campagne dans le nord du Kentucky pour sa propre réélection.

De plus en plus d’alliés républicains prennent leurs distances de Donald Trump depuis quelques jours, certains qualifiant d’erreur sa décision de se retirer des pourparlers sur un plan d’aide.

Plus de 210 000 Américains ont succombé au virus jusqu’à maintenant et des millions d’autres ont été infectés, alors que la pandémie ne montre aucun signe de ralentissement.

Lisa Mascaro, The Associated Press





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