Deux ans avec vous

Permettez-nous d’être quétaines, pour une fois en deux ans dans le Métro.

Au secondaire, avant qu’on écrive des chroniques sous le nom des Justiciers masqués dans les journaux du cégep, on distribuait des petits montages de textes photocopiés. C’était ni plus ni moins que les potins de la semaine concernant les autres élèves, les profs, les directeurs… Inutile de dire que le tout était donné parcimonieusement aux amis en qui on avait confiance. C’était assez baveux et… ça aurait pu facilement entraîner notre renvoi, à nous, croyez-le ou non, élèves modèles! Sébastien avait trouvé le nom : Le cahier des méchancetés.

Oh, que Mme Morinville, l’adjointe du directeur à l’époque, n’aurait pas apprécié si elle avait mis la main dessus. Retenue? Retenue du samedi, mettons. Peut-être même pendant quelques mois…

C’est vraiment à ce moment précis, à 12 ou 13 ans, qu’on a commencé à devenir des humoristes en herbe… Avec une vingtaine de feuilles toutes les deux semaines. Adeptes invétérés de Safarir, de Croc (même si le magazine venait de rendre l’âme) et des chroniques de Stéphane Laporte dans La Presse, on essayait de récréer les blagues baveuses que les «pros» faisaient sur des personnalités connues, mais en visant des gens du collège. Le tout avec beaucoup de maladresse, mais avec beaucoup de cœur à l’ouvrage : on se réunissait dans les cafés de Côte-des-Neiges pour écrire nos textes, on s’envoyait nos idées par fax et par modem (putain que ça nous vieillit, la technologie obsolète), on discutait à voix basse dans les cours des sujets qui seraient dans la «prochaine édition».

Si vous saviez à quel point on a rêvé du jour où les gens liraient nos folies dans un vrai journal… Oui, bien sûr, il y a eu la radio, la télé, la scène; on en mangeait aussi! Cependant, rien ne nous semblait plus inconcevable, dans nos têtes d’ados, que des gens puissent nous lire dans le métro, à l’heure de pointe… Une main tenant le journal, et l’autre, agrippant le poteau. À l’heure de la pause café, dans la salle des employés. En déjeunant dans un Nickels. À la sauvette, sous le pupitre, quand le prof moustachu est un peu nul.
Tous les jours, on vous imagine en train de lire nos délires sur l’actualité et on éprouve un plaisir indescriptible, comme si on était encore au secondaire. C’est avec le même enthousiasme qu’on s’attelle à la tâche pour vous faire rire, vous faire plonger dans nos cerveaux, l’espace d’un instant.

Merci de réaliser un de nos plus vieux rêves en nous lisant.

Merci de rendre heureux les gamins que nous étions et les hommes que nous sommes devenus.

On vous l’avait dit qu’on serait quétaines.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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