L’essentiel
Il y a de ces choses encore plus essentielles que certaines polémiques. Et pourtant, ce n’est pas rare qu’on passe complètement à côté. Combien de fois mettons-nous tous nos efforts dans des choses qui n’ont pas d’effet durable? Le court terme l’emporte trop souvent sur la vision à long terme. La politique ou le politique n’y échappe pas. Il y a des manchettes qui durent une journée, d’autres qui laissent des traces.
Depuis des semaines, le Duffygate occupe toute la place. À part les dépenses des sénateurs, rien ne semble assez important pour capter l’intérêt. Et pourtant, si le scandale est important, il ne mérite pas de prendre tout l’espace. Les folles dépenses de sénateurs mèneront peut-être à ce genre de débat durable sur la place et le rôle du Sénat. Pour l’instant, c’est plus la forme que le fond qui capte l’attention.
Il en va de même pour le port du turban au soccer. Au-delà des déclarations politiques, l’anecdote nous éloigne du débat essentiel sur notre capacité à vivre ensemble. On s’insurge, on s’invective, mais on ne règle rien. Six ans après la Commission Bouchard-Taylor, nous sommes toujours à la même place, à la case départ. Nous ne parvenons toujours pas à saisir comment réagir lorsque survient une demande d’accommodement.
Pourtant, il y a ces moments où on a l’impression de faire un pas en avant. L’entente intervenue entre les partis autour de la loi sur les élections à date fixe fait partie de ceux-là. Enfin, le Québec acquiert une plus grande maturité démocratique. La date des élections ne sera plus tributaire du contexte ou de l’humeur de l’électorat.
Les gouvernements majoritaires devront se soumettre au verdict populaire, et ce, tous les quatre ans. Fini le temps où on dépensait de l’énergie et de l’encre pour tenter de déterminer le moment choisi par le premier ministre pour faire face à l’électorat.
Dommage, cette bonne nouvelle n’aura occupé que quelques minutes de nos bulletins de nouvelles. C’est pourtant plus structurant pour notre vie démocratique que bien d’autres dossiers. La morale de l’histoire : ce qui n’est pas spectaculaire peut tout de même être important. Ce n’est pas parce qu’une loi fait l’unanimité à l’Assemblée nationale qu’elle est moins essentielle.
Le gouvernement a déposé cette semaine une loi découlant du plus grand exercice de consultation non partisane mené depuis longtemps, Mourir dans la dignité. Cette loi aura un impact majeur sur les gens en fin de vie. Souhaitons qu’elle s’accompagne d’un débat qui reposera sur l’essentiel plutôt que sur des procès d’intentions.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.