Prime et déprime

Il n’y a même pas un an, le Québec était en campagne électorale. Emmanuel Dubourg sillonnait les rues du comté de Viau. Il sollicitait la confiance des électeurs pour un nouveau mandat à l’Assemblée nationale du Québec. Ce qu’il a obtenu le 4 septembre dernier avec plus de 40 % des voix.

Aujourd’hui, sa tête est ailleurs. Il a décidé de quitter son poste pour en solliciter un autre. Il a le droit, aucune loi ne l’empêche de changer d’idée. Il n’y a même aucune loi qui l’empêche d’empocher une allocation de départ équivalant, selon les évaluations disponibles, à 100 000 $.

Mais il y a le projet de loi 33, qui vise à abolir les allocations versées à des élus qui quitteraient leurs fonctions en cours de mandat. Ce qui change la donne. Ce projet de loi a été déposé en mars 2013 par le ministre responsable des réformes démocratiques, Bernard Drainville.

Le contexte est donc différent. M. Dubourg est le premier à démissionner depuis que ce projet de loi fait partie du débat public. La comparaison avec d’autres qui se sont retirés avant lui ne peut donc être que boiteuse. Les Couillard, Marois, Legault et autres qui ont bénéficié d’une allocation ne l’ont pas fait dans le même cadre.

D’abord, il n’y avait pas de projet de loi sur la table. Qui plus est, ils ne démissionnaient pas pour solliciter une autre charge publique. Dire «autre époque, autres mœurs» serait sans doute exagéré, mais les circonstances sont différentes et, en politique, cela fait toute la différence.

M. Dubourg pourrait au moins faire un bout de chemin et proposer de ne prendre qu’une partie de l’allocation. Il serait plus acceptable qu’il demande l’équivalent de quelques mois de salaire, question de faire le pont en attendant d’être candidat pour les libéraux fédéraux. C’est d’ailleurs ce que semble suggérer son ancien chef, Philippe Couillard, qui s’est montré mal à l’aise et sur la défensive quand on l’a interrogé à ce sujet.

Il est vrai qu’il faut voir la rémunération des élus globalement; il y a d’ailleurs un comité qui a été mis sur pied pour ça. Cela dit, il ne pouvait y avoir pire contexte et pire situation pour l’annonce du choix de M. Dubourg. Ce qu’il ne semble pas comprendre. Il y a un débat actuellement sur cette pratique à l’Assemblée nationale. Il y a eu des cas à Montréal et à Laval où les primes de départ ont fait la manchette et alimenté le cynisme ambiant. Pire, il démissionne après avoir siégé moins d’une année pour briguer un poste dont le salaire est encore plus élevé. On est à l’ère des primes et de la déprime.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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