Mon PC a pogné la gastro

Photo: Getty Images

Ce qui devait arriver arriva. Mon vieux Mac 2008 a rendu l’âme. Il est parti dans son sommeil, doucement, rejoindre son père Steve Jobs. Écrire, c’est mon gagne-pain. Pas d’ordi, pas de pain. J’aime le pain. Je devais rendre un texte le lendemain en fin de journée. Le lendemain matin, je vais chez Bureau en gros. Entretemps, je prends la circulaire de la semaine. Mégadeal sur un ordi, aujourd’hui seulement. J’suis un homme heureux.

Mon bonheur a été de courte durée, genre batterie d’iPhone 5 courte durée. Le vendeur m’explique que pour 100 $ de plus, je peux l’avoir «préconfiguré».  Windows 8, touch screen. J’suis avec Mac depuis un bout, je sais pas trop à quoi m’attendre. Mais je doute de la pertinence de son deal. J’y demande sur un ton: «Check, entre toi pis moi, chummy», si je le prends virgin, ça va me prendre combien de temps le configurer? Sur son meilleur ton jeu d’acteur-vendeur-Golden Globe-nominé: «Ouf, plusieurs heures». J’ai pas plusieurs heures. Faut que j’écrive un texte, là, là. Ok. Je vais le prendre ton deal pour les personnes qui font encore leurs recherches sur Yahoo ou qui sont pressées.

Allume la machine. Étant un bon PC, y pogne 74 virus-spams en trois clics. Le gars m’a proposé d’acheter un antivirus, mais j’en voulais pas là là. J’avais pas le temps. Et naïf, j’pouvais pas croire qu’en une heure, mon PC allait pogner la gastro. Aller sur le Net avec un PC non protégé, c’est comme boire du lait chaud à Cuba, couché, nu, dans des toilettes publiques. Tu cherches le trouble.

Fais mes affaires. Le lendemain, j’ai à faire au centre-ville. Y’a un Bureau en gros tout près. Entre, va dans la section informatique. J’y rencontre Dieu. En tout cas, lui, il est sûr qu’il est Dieu. J’ai jamais vu autant d’arrogance concentrée dans une face. Y passe ses journées à vendre des cartouches d’encre à des madames de Westmount, pis dans sa tête, y’est Neo! Il voit la vie en code binaire vert. Pas toé, faque, baisse les yeux. Évidemment, je fais tout sauf baisser les yeux. Sa compagnie me répugne, donc je veux juste en finir au plus vite. «Je veux un antivirus». Il me montre de son doigt divin une boîte jaune. J’y fais confiance, c’est fuckin Neo! Je la prends. L’achète. Quitte.

Un de mes amis est chef architecte programmeur. Y’a Neo qui lit la matrice, puis y’a l’architecte qui crée la matrice. Tu vois le genre. En gros, parle de mon aventure, le 100 $ préconfiguré, l’antivirus. Il rit. Beaucoup. «Pourquoi t’es pas venu me voir avant?» «J’avais pas le temps, pis t’es loin!» En gros. Le «préconfiguré», c’est une couple de clics de «suivant, français, oui, accepté». Tu vas faire caca, tu reviens, c’est fait. «Une couple d’heures», qu’il disait, l’autre. Et l’antivirus que Dieu m’a vendu? Bon pour trois licences, trois PC. J’en ai juste un. Il m’a rien demandé, pas informé de ce «détail». Deux Bureau en gros différents, deux fois baisé sans mon consentement. J’ai pensé me plaindre, me faire rembourser. Mais, écrire une lettre au service à la clientèle qui va finir dans les poubelles, ou écrire une chronique qui va être lue par des milliers de personnes? Ah oui, pis la chronique, devine avec quel ordi je l’ai écrite, monsieur gros Bureau?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.