Pop Montréal: cinq jours de folie
- Festival Pop Montréal, du 17 au 21 septembre
Le festival Pop Montréal débute mercredi. Cinq jours de folie qui font le bonheur de 600 artistes et de 50 000 festivaliers. C’est sans conteste le plus audacieux des festivals montréalais, celui qui ose mettre en scène des groupes que seule une poignée de fans connaissent et qui mise sur la curiosité de sa clientèle. C’est en quelque sorte le défricheur des festivals. Celui qui ose et essaie. Celui qui se trompe, mais aussi celui qui fait venir avant tout le monde le groupe qu’on s’arrachera dans trois ans. Comme il n’est pas possible de se faire un horaire officiel – la plupart des groupes nous sont inconnus –, faire une virée à Pop Montréal a quelque chose d’aléatoire. C’est errer de salle de spectacle en salle de spectacle, en écoutant ce qui joue au moment où on passe, en espérant tomber en amour. C’est un jeu d’essais et erreurs. Pop Montréal entame sa 13e année, et j’espère qu’il restera bien en vie pour encore longtemps.
- Jeudi 18 septembre – Eman x Vlooper @ TRH Bar (0h30 à 1h10)
J’ai rencontré Eman plusieurs fois dans ma vie, mais c’est à Austin, au Texas, qu’on a jasé des vraies affaires pour la première fois. Il y a plus ou moins quatre ans de ça. Un gars ben smatte avec qui il est facile de parler de tout et de rien. Un vrai gentil sans malice. Le genre de gars à qui je prêterais 30 000$ pendant 5 ans et qui, même si je mourais, le ramènerait à quelqu’un de ma famille en lui offrant ses condoléances. On a collaboré quelques fois par la suite pour des clips de son collectif, Alaclair Ensemble, et nos visions se sont toujours imbriquées de manière organique.
Eman est dans la rap game depuis plus de 10 ans. Il a connu un certain succès commercial au début des années 2000 en compagnie de Claude Bégin au sein du groupe Accrophone. Le duo jouait en boucle à MusiquePlus, et j’ai souvenir que les gars avaient voyagé pas mal pour faire des spectacles à l’étranger. Le gouvernement devait trouver qu’il s’agissait de bon «rap exportable».
J’écoute leur clip Coin de paradis (paru en 2005) en ce moment, et c’est fou à quel point Eman n’a pas changé. J’ai l’impression qu’il aurait pu être tourné hier. C’est un peu à l’image de son chemin artistique. Eman fait du rap, point. Il n’essaie pas d’adapter son style à l’air du temps. Il fait du rap, point, et il évolue à son rythme. Je ne crois pas qu’il ait de réelles ambitions commerciales, comme certains de ses collègues. Il fait ce qu’il veut quand il le veut, et si le monde embarque, tant mieux. Même dans tout le délire Alaclair Ensemble, où les gars expérimentent beaucoup, Eman reste probablement le plus «rap» de la gang. Il est fort possiblement un des meilleurs lyricists du Québec, même si on le sent un peu aigri envers le rap sur certains morceaux de son nouvel album, XXL, conçu en duo avec son ami et producteur Vlooper.
Cet album a un petit quelque chose d’intemporel. Même si les beats sont très pertinents avec ce qui se passe ailleurs dans le rap de gauche, XXL est juste assez décalé et personnel pour être un véritable projet artistique à part entière. Le genre d’album que tu découvres à la cinquième écoute. Pas de gros succès commercial, juste du bon vrai rap comme Eman peut nous en offrir quand il est au sommet de son art. Un des concerts à voir dans le cadre de Pop Montréal.
TRH Bar
3699, boulevard Saint-Laurent