Du calme, rangez vos pancartes
Les péripéties du Parti québécois prennent toute la place depuis quelques semaines. Cela nous a fait oublier que la température monte sur le front partisan à Ottawa. Il y a des odeurs d’élections. Des rumeurs de préparatifs électoraux, des annonces et des images dignes de campagnes électorales font leur apparition… Pourtant, nous sommes encore loin de l’appel aux urnes prévu dans un an selon la loi sur les élections à date fixe.
Le gouvernement Harper avait promis des réformes démocratiques durant la campagne électorale de 2006, dont les élections à date fixe. Ce changement devait nous permettre d’avoir des élections plus justes pour l’ensemble des formations politiques et pour les citoyens. En retirant au premier ministre le pouvoir de manipuler à son gré le calendrier électoral en vue d’en tirer bénéfice, on pouvait espérer un débat plus juste.
C’est comme si, cette semaine, tous les chefs des principaux partis fédéraux s’étaient donné le mot pour une répétition générale. Le chef du NPD annonçait un programme national de garderie. Le chef du Parti conservateur était de passage à Sept-Îles pour annoncer qu’il s’apprêtait, avec le Québec, à déposer des projets de loi visant à encadrer la gestion conjointe des ressources pétrolières dans le golfe du Saint-Laurent. Justin Trudeau présentait sa vision dans le cadre d’un dîner de la Chambre de commerce à Québec, en plus d’effectuer le pèlerinage de circonstance devant Régis Labeaume.
Bref, on se croyait en pleine campagne électorale fédérale. Il n’en fallait pas plus pour raviver les rumeurs d’élections. Pourtant, la date du prochain scrutin est connue. Sans surprise, les Canadiens devraient être appelés aux urnes le 19 octobre 2015, soit pratiquement dans un an jour pour jour.
Ces rumeurs sont difficiles à faire taire parce que, depuis son adoption, la loi n’a jamais été appliquée. Si l’excuse du gouvernement minoritaire pouvait être évoquée, rien ne peut justifier cette fois un changement de calendrier. Contrairement à Pauline Marois qui a contourné sa propre loi en avril dernier, M. Harper n’a encore jamais eu de prix politique à payer pour avoir contrevenu à l’esprit de la loi de 2007. S’il devait la contourner encore en déclenchant des élections avant la fin de son terme, le risque serait cette fois plus élevé.
Il reste donc un an au mandat que lui ont confié les Canadiens. Y mettre fin alimenterait encore une fois le cynisme. Calmez-vous, gouvernez et pensez-y à deux fois avant de démarrer vos autobus de campagne! Cela dit, les élections à date fixe ne doivent pas nous plonger dans un climat électoral qui durerait un an. Cela serait un bien dangereux précédent. Message aux partis fédéraux : respectez le calendrier et rangez vos pancartes. Un mois de campagne, ça suffit.