La bosse dans le tapis

Entre la fête nationale, la fête du Canada et les 25 ans de l’échec de l’entente du lac Meech, le dossier constitutionnel est encore et toujours la bosse dans le tapis de la politique canadienne. On tend à l’oublier, mais le Québec n’est toujours pas signataire de la Constitution canadienne. Depuis 1982, le Québec vit donc dans une zone grise où les juges de la Cour suprême rendent leurs décisions comme si de rien n’était.

Justin Trudeau ne tient pas à parler du sujet. Selon l’aspirant premier ministre, que le Québec ne soit pas signataire de la Constitution ne change rien. Le chef du Parti libéral du Canada préfère mettre en opposition les différents enjeux plutôt que de proposer des solutions.

«Je veux parler d’environnement et d’économie avec les PM provinciaux, pas de réouverture de la constitution ou de modalités référendaires», a t-il mentionné sur Twitter la veille de la Saint-Jean. Comme s’il était impossible de suivre trois dossiers de front.

Thomas Mulcair parle d’«une vraie place respectueuse et respectée pour le Québec au sein du Canada». Cela se traduirait par la mise en application de la Déclaration de Sherbrooke, adoptée par le NPD en 2005.

De son côté, Stephen Harper se targue d’avoir reconnu la nation, sans toutefois l’avoir constitutionnalisée. Polytraumatisés des rondes de négociations constitutionnelles, les dirigeants politiques sont prêts à dire et à faire, mais jamais à s’engager à asseoir ensemble les premiers ministres d’un océan à l’autre.

La bosse n’est pas que dans le tapis canadien; la poussière s’accumule aussi au Québec. Depuis la défaite du référendum de 1995, on se répète que le fruit n’est pas mûr. Quand on ose aborder la question, on se fait vite rabrouer sous prétexte que les citoyens n’ont vraiment pas envie d’en entendre parler, que le reste du Canada n’a vraiment pas d’appétit pour ça.

Les souverainistes tentent de raviver la flamme tant bien que mal. L’indépendantisme décomplexé du nouveau chef du PQ, Pierre Karl Péladeau, ne semble pas, du moins pour l’instant, susciter l’engouement attendu. Les électeurs veulent peut-être comprendre ce qui sera différent cette fois et qu’on leur indique le nouveau chemin à suivre.

Robert Bourassa disait le 22 juin 1990 : «Le Canada anglais doit comprendre d’une façon très claire que quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement.» Depuis ce jour, malheureusement, la poussière s’accumule sous le tapis.

Avec le temps qui passe et l’inaction constante des politiciens dans ce dossier, le Québec risque, j’en ai bien peur, de devenir une province comme les autres.

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