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Normand Piché rallie l’Afrique et l’Europe

Photo: Gracieuseté

L’aventurier Normand Piché, qui tente de devenir le premier Américain à relier les cinq continents à la nage en 80 jours, a réussi le 4 novembre sa traversée entre l’Afrique et l’Europe, un parcours de 15,51 km à travers le Détroit de Gibraltar, en 3h55. Cette quatrième étape de l’aventure est toutefois passée à un cheveu de ne pas se réaliser.

«C’est très difficile d’obtenir les autorisations nécessaires pour nager dans le Détroit, notamment à cause de l’importante circulation maritime. Entre 300 et 500 bateaux le traversent chaque jour, raconte M. Piché. Comme nous n’avions pas réussi à les avoir avant notre départ de Montréal, nous avons dû rencontrer les autorités portuaires à plusieurs reprises dès notre arrivée.»

Le 31 octobre, après plusieurs tergiversations et changements de direction des autorités, l’équipe apprenait qu’elle ne pourrait réaliser son objectif avant la fin du mois de novembre.

«Ça changeait tous nos plans. En plus, la météo est vraiment incertaine à cette époque de l’année. C’était donc impossible de savoir si on pourrait réellement traverser, le moment venu. J’étais vraiment déçu à l’idée de ne pas réussir à relier les cinq continents,» indique l’homme de 45 ans.

Rencontre miraculeuse
Heureusement, lors d’un entraînement routinier à la plage, l’aventurier fait la connaissance de Rohan More, un Indien qui a comme projet de nager dans les sept océans.

«Rohan avait réussi à obtenir les autorisations en s’inscrivant sur une liste d’attente trois ans auparavant. Les autorités ont accepté que je nage à ses côtés. C’était un miracle de la vie, qui venait récompenser notre persévérance et notre ténacité. »

À 12h45 le 4 novembre, les deux nageurs ont donc plongé dans les forts courants frontaux et les impressionnantes vagues du Détroit de Gibraltar, en route vers l’Europe. Du début à la fin, ils ont nagé côte à côte, se supportant dans les moments difficiles, et s’émerveillant à la vue des bans de dauphins venus leur tenir compagnie au milieu du chemin.

«Cette traversée a été très spéciale pour moi. Nager avec quelqu’un a vraiment créé un moment magique, qui m’a démontré la force de l’union et de la solidarité, deux valeurs au cœur de mon expédition. Nous étions en complète synergie, concentrés sur notre objectif commun. C’était plus fort que les frontières, plus fort que les différences», se souvient M. Piché.

Lorsqu’il est finalement monté à bord du bateau qui l’attendait à la fin de son périple, M. Piché se sentait plus serein et plus énergique qu’en se lançant à l’eau quelques heures plus tôt.

«Les incertitudes, le stress et les doutes qui ont accompagné la lourdeur bureaucratique pour me permettre de nager m’avaient épuisé. Ça m’a tout de même permis de comprendre que toutes les certifications, autorisations et règles empêchent souvent l’humain d’obtenir ce qu’il désire et d’aller au bout de ses rêves.»

Redouter la fin
L’aventurier passera encore quelques jours dans le petit paradis de Tarifa, en Andalousie, avant de s’envoler vers l’Égypte pour sa dernière traversée, celle de la mer Rouge.

«Je redoute la fin de l’aventure. Je ne veux pas que ça s’arrête. Même si d’autres expéditions m’attendent et  que ma fille me manque, j’anticipe le retour au quotidien. Pour me calmer, je me dessine des idées de nouvelles traversées.»

Au printemps prochain, M. Piché nagera notamment dans le lac Leman, en Suisse, afin d’aller déposer une bouée remplie de rêves et de messages de paix, transmis par plusieurs personnes à travers le monde, aux Nations unies.

Des projets de livre et de documentaire résumant les apprentissages, les démarches et les rencontres de M. Piché et de son équipe tout au long de l’aventure devraient également voir le jour dès son retour à Montréal.

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