Recettes pompettes, trop c’est comme pas assez
Éric Salvail nous avait habitués à la démesure lors des précédentes saisons de ces Recettes pompettes, mais depuis le début de la nouvelle saison hivernale de la populaire émission, quelque chose agace.
Les préoccupations habituelles à propos de la consommation d’alcool restent, le concept est fondamentalement limite à la télévision. Ceci dit, c’était toujours fait dans la bonne humeur, le plaisir et les avertissements sont clairs.
C’est pour un public averti, comme la nudité peut l’être.
L’alcool n’est pas en cause dans la problématique de cette nouvelle saison, même si elle accentue les irritants.
On dirait que devant l’inévitable épuisement de son concept, Éric Salvail a plutôt opté pour l’explosion spectaculaire au lieu de laisser le feu s’éteindre timidement. Si bien que depuis le retour des fêtes, les trois émissions présentées étaient survoltées – et pas forcément dans le sens positif du terme.
Déjà, l’ajout d’une bonne dose d’alcool à une émission de cuisine provoquait des gaffes, des fous rires et des confidences. Ça fonctionnait bien, Salvail était à l’aise et les invités se prêtaient généreusement au jeu. Il y avait une certaine progression au niveau de l’alcoolémie, ce qui conférait un rythme à l’émission, un crescendo vers les absurdités espérées.
Cette saison, on saute l’étape de la progression et l’émission démarre avec le pied au plancher avant même l’ingestion d’une première goutte d’alcool. Au lieu d’une émission de cuisine qui dérape, on nous offre plutôt une fiesta dans un bar d’un tout inclus dans le sud qui s’adonne à avoir un îlot qui contient des ronds de poêles.
Les invités crient, sautent, s’arrosent, cassent des choses et se donnent en spectacle pour un public invisible.
C’est trop, on embarque moins et on devient vite agressé par cette énergie démesurée déployée à l’écran.
Le charme du concept des premières heures, c’était de voir Véronique Cloutier déparler à la fin et François Bellefeuille grimacer après un 4e shooter. Voir Alex Nevsky crier à pleins poumons, par exemple, n’a pas du tout le même effet.
À force de trop vouloir en faire pour prévenir l’érosion de son émission, Éric Salvail a fini par noyer son poisson. Les recettes pompettes sont encore amusantes, mais le plaisir de les visionner s’amoindrit après chaque cri.
Même quand on apprécie les invités, on se sent essoufflé et c’est un peu à l’opposé du spectre des sensations que l’on recherche lorsqu’on s’installe devant notre téléviseur.
Alors on ajuste les recettes, on préserve l’alcool et on ramène le crescendo dans l’émission. Les nuances, c’est bien, pas besoin de s’offrir en spectacle à tout prix pour «donner un show».