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24 Davids: Un certain regard sur le monde

Ils sont physicien quantique, DJ, enfant de la rue, professeur, organisateur communautaire ou ornithologue. Ils ont en commun un prénom et leur capacité à témoigner de la richesse de notre monde. Bienvenue dans l’hypnotique documentaire 24 Davids.

De la Colombie à l’Angleterre, en passant par le Togo, la cinéaste Céline Baril a braqué sa caméra sur 24 David, 24 destins singuliers.

On y rencontre un David qui se questionne sur les lois de l’univers, un autre qui installe des systèmes de récupération d’eau de pluie au Mexique, puis un autre, tout jeune, qui attend impatiemment que son père sorte de prison. Mais devant l’objectif, ils ne forment plus qu’un.

«Pour moi, il ne faut pas prendre les 24 David un à un, mais comme un tout, expose la réalisatrice, qui a planifié ce projet dans le cadre d’une résidence d’artiste de deux ans à l’Office national du film (ONF). Ensemble, ils forment un David. Ils représentent ce qu’est un être humain avec toutes nos ressources intellectuelles, nos fantaisies et notre capacité à aimer.»

De la contrainte (trouver 24 David sur 3 continents) est donc né «un laboratoire poétique et politique», selon les termes de son auteure.

«Habituellement, je ne travaille pas avec un cadre précis, j’aime rendre compte du monde avec des propositions vastes. Avec ce projet, je me suis dit qu’il fallait trouver une contrainte, insolite et ludique, pour parler des grands changements du monde par le biais d’individus de différents continents, de différentes cultures. Ensuite, j’ai voulu les assembler, grâce à la magie du cinéma, pour qu’ils ne forment plus qu’un.»

«J’aime me perdre dans mes projets. Lorsqu’on se perd, on trouve des choses qu’on n’aurait jamais cherchées avant.» – La documentariste Céline Baril, réalisatrice de 24 Davids.

Un peu à tâtons, avec l’aide d’une petite équipe, Céline Baril est donc parvenue à trouver «ses» David aux quatre coins du monde.

«David est un prénom qu’on trouve dans presque toutes les cultures, observe la réalisatrice, qui a aussi signé La théorie du tout et 538 fois la vie. Il est populaire. La métaphore de David contre Goliath, le petit qui gagne contre le plus grand, se retrouve partout. C’est la contrainte que j’ai choisie pour diriger mes recherches. C’était un projet un peu casse-gueule, je ne savais pas comment j’allais m’en sortir, mais je sentais que j’avais une bonne intuition de départ.»

24 Davids, qui a été présenté en ouverture des Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM) en novembre dernier, se questionne sur les immenses défis auxquels fait face l’humanité : la destruction de l’environnement, le réchauffement climatique, les grandes migrations.

C’est ainsi qu’on croise des récupérateurs dans le plus gros dépotoir de déchets électroniques au monde, des activistes pour le droit au logement en Angleterre et, à la toute fin, un David anonyme, rencontré dans la «jungle» de Calais, qui témoigne de sa quête d’une vie meilleure.

Sans être un film «militant», le documentaire dresse tout de même le portrait d’individus maîtres de leur destin, déterminés à améliorer leur sort et celui de leurs congénères.

«Je voulais représenter un être dans les grandes bousculades du monde d’aujourd’hui, les grandes mutations que nous vivons. C’est un peu par hasard, mais ils ont tout de l’empathie pour le monde qui les entoure. Ce sont tous des êtres généreux, engagés dans leurs communautés, qui ne font pas des choses au détriment des autres, mais avec les autres, sans faire partie d’une organisation. On ne voulait pas de visages connus, comme un David Suzuki, mais des gens qu’on pourrait croiser au coin de la rue et avec qui on se mettrait à discuter.»

Malgré la dureté de certaines images, le constat qui se dégage du film est assez positif.

«C’est mon idée du monde, l’image que je veux donner de l’humanité. Ce n’est pas un film qu’on regarde avec des lunettes roses, mais il est plus optimiste que pessimiste, confie Céline Baril. Le film est basé sur les rencontres que j’ai faites. J’espère que les spectateurs vont rencontrer ces gens comme moi et mon équipe l’avons fait, au même rythme que nous, qu’ils participent à ce grand voyage. Ça donne l’idée de ce qu’est un être humain dans toutes sa richesse.»

À la Cinémathèque québécoise à partir de vendredi

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