Ce moment-là: souper du pardon à la Licorne
Ce moment-là, pièce de la dramaturge irlandaise Deirdre Kinahan, traduite en français par Maryse Warda et mise en scène par Denis Bernard, aborde trois grands thèmes. Émilie Bibeau explique.
Le pardon. La résilience. La famille. Des thèmes vastes, quasi insondables, traités ici sous un angle particulier. Qu’arrive-t-il lorsqu’un de nos proches «commet l’irréparable»? Pardonne-t-on alors plus facilement? Ou, au contraire, beaucoup moins? «Ce sont des sujets tellement profonds, tellement humains, qu’avec toute l’équipe, sous la direction de Denis Bernard, on a passé énormément de temps à en parler et à se questionner», souligne Émilie Bibeau, qui fait partie de la distribution réunissant sept acteurs… et la voix de Sophie Cadieux.
Divers points de vue ont émergé de ces discussions. «Le pardon est perçu par plusieurs comme un geste noble et héroïque, alors que, pour d’autres, il représente davantage une fuite.» Après tout, la mesure de la noblesse de l’un dépend toujours de l’ampleur du geste de l’autre. «Moi-même je n’ai jamais vécu de tragédie aussi grave, observe l’actrice. Personne ne m’a fait du mal d’une façon excessive. Je perçois donc la clémence, les excuses, comme des choses qui me permettent d’avancer. Mais je ne tiendrais peut-être pas le même discours s’il m’arrivait quelque chose d’horrible!»
De concert, les artisans de la pièce ont convenu de taire le geste commis par un des personnages. «L’irréparable» sera plutôt révélé au fur et à mesure, précise Émilie, tout en assurant que «oui, il y aura des parcelles d’humour!» Fait particulier, comme la pièce se déroule durant un souper, une des interprètes, en l’occurrence Alice Pascual, cuisinera, soir après soir, «un vrai repas». Eh oui, les acteurs dégusteront tous les jours la même chose. «Tout pour l’art!» s’amuse Émilie.
Les habitués de La Licorne qui avaient vu la pièce Orphelins, de Dennis Kelly, en février dernier verront peut-être des similitudes entre les deux œuvres. Deux œuvres où il est question d’un geste posé ayant une incidence directe sur les proches; un geste qui nous met face à un profond dilemme moral. «J’ai vraiment aimé Orphelins, mais je crois que la différence majeure, ce sera cette notion de meute, de clan. Alors que la pièce de Dennis Kelly était davantage un huis clos, dans Ce moment-là, nous sommes plusieurs membres d’une même famille réunis autour d’une table.»
La famille, le pardon et la résilience, donc. Des questions qui sont également au cœur du téléroman Unité 9, auquel participe aussi Émilie Bibeau. «Il arrive parfois qu’on prenne part à plusieurs projets qui ont, comme par hasard, la même thématique. Mais ce sont des sujets si vastes qu’on pourrait les voir de mille et une façons.»
Ce moment-là
À la Licorne
Jusqu’au 10 novembre