Quatre points de vue sur la circulation de transit sur le mont Royal
L’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) a commencé à entendre cette semaine les différents avis sur le projet pilote qui interdisait la circulation de transit sur le mont Royal, un mois après la fin de celui-ci. Métro présente quatre points de vue.
L’opposition veut le retour du transit
Ensemble Montréal préconise le retour du transit sur le mont Royal, estimant que son interdiction était précipitée, «improvisée» et «imposée à tous les Montréalais», a souligné le porte-parole des grands parcs au sein de l’opposition officielle à l’hôtel de ville de Montréal, Francesco Miele. Accompagné du chef de la formation politique, Lionel Perez, il a présenté des solutions, qui consistent en une piste cyclable surélevée, un chemin piéton en bois ainsi qu’une réduction de la vitesse à 30km/h.
«On prévoit des radars photo, des indicateurs de vitesse et des dos-d’âne à des endroits stratégiques ainsi que des bandes rugueuses. Pour nous, ce sont des mesures dissuasives qui vont permettre d’assurer la sécurité et également de réduire l’accès aux automobilistes», a énuméré M Miele.
M. Perez a souligné que l’interdiction du transit n’avait pas été concluante, puisque des automobilistes continuaient tout de même à circuler sur le mont Royal d’est en ouest. M Perez n’a pourtant pas exclu de proscrire le transit à certaines heures de pointe, sans préciser les critères ou les moyens pour mettre en oeuvre cette interdiction.
Vélo Québec souhaite un «chemin de parc»
«Tout d‘abord, ce qu’on souhaite, c’est que le parc du mont Royal redevienne un parc qui ne soit plus coupé par une voie où les gens transitent pour aller plus vite d’un bord à l’autre de la montagne», a lâché d’emblée la présidente-directrice générale de Vélo Québec, Suzanne Lareau.
Pour elle, le projet pilote mis en place par l’administration de Valérie Plante, qui interdit la circulation de transit sur la voie Camilien-Houde et le chemin Remembrance, est un succès, qui devrait être permanent. Il manque cependant des alternatives pour le transport en commun sur le mont Royal.
«Pourquoi ne pas mettre une navette électrique qui part du centre-ville? Le gros des touristes qui veulent aller sur la montagne sont là-bas. On leur demande d’aller au métro Mont-Royal, prendre un bus qui passe deux fois par heure», a-t-elle critiqué.
L’organisme déconseille cependant l’installation de pistes cyclables sur la voie Camilien-Houde, tout comme celle d’installations pour réduire la vitesse, comme des dos d’âne, puisque la pente abrupte rendrait la circulation très dangereuse.
Le CRE-Montréal plaide pour moins de voitures
Le Conseil régional d’environnement de Montréal (CRE-Montréal) défendra pour sa part une vision axée sur le développement du parc du mont Royal, tout en préconisant une réduction de la vitesse et du nombre de voitures qui y accèdent.
«On prône une expérience parc. Le projet pilote a permis de s’attaquer à la question du volume [de voitures] et on insistait beaucoup sur la réduction de la vitesse par des aménagements structurants», a expliqué la responsable des campagnes transport, GES et aménagement du territoire du CRE, Tania Gonzalez.
Le CRE-Montréal entend aussi proposer des modifications au stationnement de la Maison Smith, qualifié de «mer d’asphalte» par Mme Gonzalez. L’organisme plaide pour que ce stationnement obtienne une attestation écoresponsable, grâce à de nouveaux aménagements verts pour réduire son empreinte écologique.
Le CRE-Montréal demandera aussi plus de navettes électriques. L’organisme a recueilli plusieurs avis de citoyens et a noté une importante contradiction, selon Mme Gonzalez. «Les éléments qui reviennent, c’est que tout le monde reconnaît le mont Royal comme un joyau à préserver, mais ils veulent aussi laisser l’accès à la voiture. Il va vraiment falloir trancher dans les aménagements».
Les amis de la montagne, pour une vision globale
Les Amis de la Montagne, ne prendront pas position sur l’interdiction du transit sur le mont Royal durant les audiences de l’OCPM. L’organisme souhaite cependant que soient installés de nombreux aménagements urbains pour réduire la vitesse et inciter les automobilistes à ne pas transiter par le la montagne. «On souhaite que des aménagements physiques viennent ralentir considérablement la vitesse des véhicules, avec des mesures physiques et coercitives pour s’assurer du respect de la vitesse», a détaillé Myriam Grondin, la chef du dossier de la protection du mont Royal. Pour elle, même s’il sera possible de traverser d’est en ouest, le transit sera éliminé «naturellement» par ces mesures que l’organisme n’a pas détaillées.
Les Amis de la montagne tiennent beaucoup à l’accessibilité du mont Royal, pour tout type de population, qu’elle se déplace à pied, à vélo, en bus ou en voiture. Ils souhaitent aussi diminuer la taille du stationnement de la Maison Smith, tout en ouvrant des stationnements périphériques, grâce à de nouveaux accès piétons.