Sex Education : un nouveau classique sur Netflix
Des séries dans une polyvalente, il y en a tellement qu’on ne peut pas toutes les nommer. C’est une valeur sûre de la télévision puisque l’adolescence est un point tournant majeur que l’on partage tous avec son lot d’angoisses, de questionnements et d’expériences plus ou moins fructueuses. Chacun à ses séries cultes et chaque époque ses canons dans le genre.
Depuis le 11 janvier, Netflix a dévoilé la série britannique Sex Education et nous avons peut-être devant nous le classique d’une génération – du moins, plus que 13 Reasons Why malgré son buzz énorme à sa sortie. Ici, l’enthousiasme est plus modeste, mais la qualité n’est pas comparable.
Sex Education suit le quotidien de Otis (Asa Butterfield), un jeune homme de 16 ans élevé par sa mère qui est une sexologue de renom, marginale et particulièrement ouverte avec la sexualité devant son garçon et ses amis. (Gillian Anderson, méconnaissable). On se transporte rapidement vers la polyvalente de cette campagne européenne avec une brochette de personnages nuancés, rafraichissants et près d’une vérité que l’on voit rarement à l’écran.
Avec un titre comme Sex Education, il n’y a pas de cachettes – la série parle beaucoup de sexualité. Même qu’elle devient la locomotive du récit sauf que contrairement aux «films de fesses» pour ados comme les Porkys de ce monde ou les American Pie plus tard, on ne fabrique pas des rires sur une montagne de malaises inappropriés. Au contraire, la vulgarité et la nudité ici ne sont pas gratuites ou placardées, mais plutôt naturelles et décomplexées. Sex Education est la série que l’on aurait aimé avoir plus jeune tant elle traite de problèmes sérieux et universels avec humanité, sensibilité, nuance et ouverture. Ne vous laissez pas tromper par la légèreté de certaines blagues ou situations de la série, il y a ici plusieurs couches de subtilités.
Ainsi, ce panorama comporte des jeunes gens de tous les horizons, toutes les orientations et de tous les statuts sociaux sans tirer aux gros traits des contours caricaturaux de leur réalité. Le «meilleur ami gai et flamboyant» est aussi aux prises avec des problèmes plus sérieux, plus intimes et son rôle ne se résume pas à un effet comique. Même chose pour le «sportif de service» ou encore la «fille de riche manipulable». En fait, on joue sur les clichés du genre et on les explose afin de donner de la vie et de la richesse à ses jeunes personnages regroupés sous un même désir : celui d’apprendre à se connaître et à s’accepter.
J’ai eu un gros coup de cœur pour la série que j’ai dévorée en une seule soirée ou presque. On parle ici de huit épisodes d’une heure qui oscillent entre la comédie plus vulgaire et des situations intenses, dramatiques, sérieuses et inspirantes. Il y a un peu de tout, de la blague de pénis illustrée à l’intimidation en passant par la masturbation adolescente et la cruauté des jeunes qui ne mesurent pas toujours l’impact de leurs gestes – comme partager une photo nue d’un autre sans son consentement à toute l’école.
Sex Education attaque de front plusieurs sujets épineux et avoir 16 ans en 2018, je serais très heureux de voir un document comme celui-ci qui m’offre des réponses à plusieurs de mes questions sans me prendre par la main ou me laisser sous-entendre que je suis inférieur parce que je suis un jeune qui ne connaît rien à rien.
C’est vraiment de la bonne télévision qui vous fera rire, pleurer et rager par moment – la preuve que l’on peut toucher la cible sans prendre de raccourcis. Certaines productions devraient prendre des notes et s’ajuster.
https://www.youtube.com/watch?v=o308rJlWKUc