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Une formation incomplète en santé mentale au SPVM, déplorent des organismes

Photo: Photo: Cités Nouvelles - Archives

La formation en désescalade du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) est incomplète et le délai prévu pour offrir celle-ci à l’ensemble des patrouilleurs de la métropole est trop long, déplorent des représentants d’organismes, qui réclament une réduction de l’utilisation des armes à feu par les policiers.

«S’il y a de nombreux groupes sociaux présents aujourd’hui, c’est parce qu’il y a encore des abus policiers et de l’impunité», a déploré mardi la coordonnatrice de la Ligue des droits et libertés, Eve-Marie Lacasse. 

Une trentaine de citoyens et de représentants d’organismes ont pris part à une séance d’information publique sur la formation en désescalade du SPVM, mardi dans la salle du conseil de l’hôtel de ville de Montréal.

D’ici 2022, le corps de police montréalais compte former quelque 2700 patrouilleurs sur les méthodes d’intervention à prioriser pendant des situations de crise impliquant des personnes atteintes de troubles de santé mentale afin de favoriser la communication au lieu de l’usage de la force.

«C’est un pas en avant. C’est une très bonne nouvelle», a commenté l’inspecteur et chef de la Division des communications du SPVM, André Durocher.

Cette formation, qui sera offerte dès les prochaines semaines dans des locaux du SPVM, comprend du contenu théorique et des simulations d’événements pouvant survenir notamment dans un dépanneur ou dans un parc, ainsi qu’une imitation d’un suicide par policier interposé.

«On apprend aujourd’hui que les policiers du SPVM reçoivent une formation d’une journée sur la désescalade et que tous les patrouilleurs la recevront d’ici 2022. Ce n’est clairement pas assez […] Les policiers devraient être mieux formés et mieux encadrés afin de faire en sorte que l’utilisation de l’arme à feu ne soit pas la première option, comme c’est le cas trop souvent», a déclaré Mme Lacasse pendant la période de questions qui a suivi la présentation du SPVM. 

Cette dernière réclame qu’une consultation publique visant à «revoir globalement les méthodes d’intervention des policiers du SPVM» soit déclenchée «pour qu’il n’y ait plus de morts inutiles». 

«Nous jugeons qu’au lieu d’avoir une consultation publique aussi vaste sur l’ensemble de la formation du SPVM, il est préférable de cibler un angle plus précis. Nous trouvions cela plus pertinent», lui a répondu le président de la Commission sur la sécurité publique, Alex Norris. 

Le vice-président de cette commission municipale et élu d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari, a pour sa part critiqué que trois années seront requises pour former les patrouilleurs du SPVM en désescalade. Il demande une accélération de ce processus de formation. 

«Le SPVM vise un déploiement le plus rapidement possible», a assuré la commandante Jacinthe Boucher. Le processus de formation prévoit que 12 policiers pourront recevoir celle-ci à la fois dans un des locaux du corps de police. 

Armes à feu
Plusieurs citoyens présents à cette séance d’information ont réclamé une réduction de l’usage des armes à feu par les policiers de la métropole.

«Le premier réflexe des policiers, c’est de mettre leur gant et de mettre la main sur le gun. Donc, c’est de créer une escalade avant de créer une désescalade», a critiqué Emmanuel Cree, intervenant au sein de l’organisme RÉZO, basé au centre-ville de Montréal. Ce dernier a d’ailleurs réclamé le désarmement des policiers appelés à intervenir auprès de personnes atteintes de troubles de santé mentale.

«L’arme à feu, c’est en dernier recours», a noté M. Durocher. Ce dernier a indiqué que la demande de M. Cree serait «difficile à appliquer», car les policiers de la métropole peuvent être appelés dans une même journée à intervenir à la suite de différents événements, comme des «vols de banque», qui nécessitent parfois le port d’une arme à feu.

En 2016, le rapport du coroner Luc Malouin, portant sur la mort deux ans plus tôt de l’itinérant Alain Magloire sous les balles d’un policier du SPVM, recommandait notamment au corps de police d’augmenter le nombre de pistolets à impulsion électrique (de type Taser) à la disposition de ses agents, particulièrement au centre-ville.

«Chaque arme intermédiaire permet d’éviter de se rendre à l’arme à feu […] Là, maintenant, il y a des décisions à prendre en fonction des réalités, des coûts et des formations», a indiqué M. Durocher lorsque questionné par Métro sur la possibilité que ces armes à impulsion électrique soient déployées davantage au sein du corps de police afin de réduire l’usage des armes à feu.

Formation
Cette nouvelle formation en désescalade n’est pas la seule en ce sens offerte aux policiers de Montréal. L’École nationale de police du Québec enseigne déjà aux futurs policiers de la province comment intervenir auprès des personnes atteintes de problèmes de santé mentale en situation de crise.

«Notre rôle, c’est d’adapter leurs interventions en fonction des situations qu’ils peuvent vivre sur le terrain, à Montréal, afin d’en venir à une utilisation minimale et proportionnelle de la force», a expliqué la commandante Jacinthe Boucher concernant la pertinence de la formation complémentaire offerte par le SPVM. 

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