Bahreïn condamne 138 personnes pour terrorisme
Un tribunal de Bahreïn a condamné hier 138 personnes à des peines allant de 3 ans à la prison à vie pour «terrorisme» et les a déchues de leur nationalité à l’issue d’un procès de masse vivement dénoncé par des opposants et Amnistie internationale.
Les condamnés — des citoyens bahreïnis de confession musulmane chiite, selon une source judiciaire — faisaient partie d’un groupe de 169 personnes poursuivies pour «formation d’un groupe terroriste» en lien avec les Gardiens de la Révolution en Iran.
Il s’agit du plus grand groupe de personnes à être condamnées et déchues de leur nationalité en un seul procès depuis le début des poursuites judiciaires contre des dissidents chiites après le mouvement de contestation de 2011, selon le groupe d’opposants Bahrain Institute for Rights and Democracy (BIRD).
Ces personnes ont tenté, selon le procureur du royaume Ahmad al-Hammadi, de former à Bahreïn un «Hezbollah», à l’image de la formation chiite libanaise.
Parmi elles, 69 ont été condamnées à la prison à vie et 39 à 10 ans de prison. Les autres membres du groupe ont été condamnés à des peines allant de trois à sept ans. Parmi les condamnés, un seul n’a pas été déchu de sa nationalité bahreïnie. Trente prévenus ont été acquittés à l’issue de ce procès.
«Le recours aux procès de masse est une tendance en croissance au Bahreïn.» Devin Kenney, chercheur d’Amnistie internationale pour le Golfe, qualifiant la décision du Bahreïn de «dénaturalisation de masse arbitraire».
Amnistie internationale a dénoncé «une parodie de justice» et a demandé aux autorités de cesser de recourir à la déchéance de nationalité, qualifiée de «mesure punitive».
«Le fait de rendre les gens apatrides est une violation évidente du droit international», a commenté dans un communiqué Sayed Ahmed Alwadaei, responsable du groupe d’opposants.
Il a relevé que la justice de Bahreïn avait commencé à déchoir des dissidents de leur nationalité en 2012. Depuis, le nombre total de Bahreïnis privés de leur citoyenneté a atteint 990.
Bahreïn, adossé à son allié, l’Arabie saoudite, est le théâtre de troubles sporadiques depuis la répression de la contestation de 2011.
Le pays est dirigé par une dynastie sunnite et sa population est majoritairement chiite.