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En Uruguay, une première récolte de cannabis médicinal destinée à l’export

L'Uruguay va exporter du cannabis médicinal vers l'Europe, le Canada, et L'Australie. Photo: Pablo PORCIUNCULA BRUNE/AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Ciseaux en main, des employés s’activent autour de plantes de marijuana pendant que d’autres transportent des caisses pleines de fleurs. Premier pays à avoir fait le pari de l’usage récréatif du cannabis, l’Uruguay s’apprête désormais à rejoindre le club des pays exportateurs légaux de la substance à des fins thérapeutiques.

Selon des chiffres des Nations Unies datant de 2016, ce marché est actuellement dominé par le Royaume-Uni (67,7%), les Pays-Bas (16,4%) et l’Autriche (8,7%).

Mais comme l’Uruguay, de plus en plus de pays se lancent sur le créneau, alors que la valeur du marché mondial pourrait s’élever à 55,8 milliards de dollars en 2025, quasiment cinq fois plus qu’en 2015, selon une étude du cabinet Grand View Research publiée en 2017.

«Voilà, nous y sommes. Nous récoltons la marijuana. Pour l’extraction de la fleur, cela prend environ dix minutes par personne», explique à l’AFP Santiago Bardanca, 33 ans, en taillant une plante de cannabis dont il place soigneusement les branches et les fleurs dans des caisses colorées.

Santiago Bardanca fait partie de la centaine d’employés qui travaillent pour Fotmer, une entreprise américaine qui a décidé d’installer 18 serres (30 000 mètres carrés) pour la production de marijuana médicinale à Nueva Helvecia, à 120 km à l’ouest de Montevideo.

L’entrepreneur, Jordan Lewis, un Américain de 46 ans, est vétérinaire de formation. La loi uruguayenne, qui en 2013 a légalisé l’usage récréatif du cannabis et ouvert la voie à la production thérapeutique, lui a permis de réaliser son rêve de lancer une entreprise autour d’une plante qu’il a étudiée en détail et dont il pense que le potentiel économique est énorme.

L’Uruguay a été «visionnaire» et maintenant «le marché est en expansion», confie l’entrepreneur, qui a commencé avec 10 plants et en possède aujourd’hui 10 000 après clonage. Il espère produire 6 tonnes cette année, avec un objectif à long terme de 400 tonnes, pour un investissement total de 15 millions de dollars.

Derrière lui, les plants atteignent quelque 2 mètres, arrosées par un système d’irrigation, et la cueillette se fait à la main.

Pour des plantes à usage pharmaceutique, un protocole spécifique doit être suivi au sein de l’usine. Les protections vestimentaires sont de rigueur, un système d’ouverture et fermeture des portes évite la circulation de l’air. Il s’agit de réduire les risques de contamination, car le cannabis est finalement «un médicament comme n’importe quel autre», explique Asim Beg, le directeur scientifique de Fotmer, aux capitaux essentiellement américains.

Les différentes étapes sont réalisées avec précision : après la coupe, le séchage dure six jours, puis les fleurs sont mises au repos pour une période de «stabilisation» de six jours également, pendant lesquels les composants chimiques atteignent leur état final. Les employés procèdent ensuite à l’emballage.

Le résultat : seulement 12% d’humidité dans la fleur et une traçabilité complète du produit. «Toute la vie de la plante est suivie, de la plantation à la vente», explique Asim Beg, soulignant une «exigence» de l’industrie pharmaceutique.

Les ballots pèsent environ trois kilos chacun. Sur le marché international, le prix varie de trois à sept dollars le gramme, soit entre 9 000 et 21 000 dollars le sac. Les premiers lots vont partir en Allemagne, qui fait partie de la trentaine de pays dans le monde à avoir autorisé le cannabis thérapeutique pour soulager des patients dont les douleurs ne disparaissent pas avec la prise d’antalgiques traditionnels.

En Amérique latine, d’autres pays lorgnent désormais sur le marché. La Colombie et le Chili, notamment, préparent de nouvelles réglementations concernant l’usage de la marijuana, avec en ligne de mire les immenses perspectives du marché médicinal.

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