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Mort d’un travailleur à La Ronde: l’employeur est blâmé

Photo: CSST/Collaboration spéciale

C’est la gestion déficiente des accès aux zones de danger sous les manèges de La Ronde qui a causé la mort d’un plombier l’été dernier, conclut la Commission de la santé et de la sécurité au travail (CSST).

Le 6 juillet dernier, Hubert Fortin, ancien col bleu retraité, est happé mortellement à la tête par un train du manège Le Vampire. Dans son rapport rendu public mardi, la CSST estime que le travailleur se serait retrouvé dans une zone de danger où il n’aurait pas dû être, en partie à cause d’une assignation de tâche mal comprise.

Les plombiers employés par La Ronde n’ont pas l’habitude de travailler dans les enceintes des manèges. Habituellement, leur tâche quotidienne consiste à déboucher les toilettes dans les différents bâtiments du parc d’attraction, explique François Deschênes, l’inspecteur de la CSST qui a réalisé en partie le rapport.

Pourtant, lorsqu’il est rentré au travail, vers midi le 6 juillet, Hubert Fortin a reçu l’indication d’un de ses collègues qu’une pompe de vidange devait être changée dans la fosse du manège Le Vertigo, situé près du Vampire.

Comme il n’est pas habitué de faire ce genre de tâche et qu’il ne connaît pas bien le terrain, le plombier se rend au mauvais manège, soit le Vampire. Pour accéder à la zone clôturée, un cadenas doit être débarré. Constatant que sa clé ne fonctionne pas, M. Fortin demande de l’aide à deux mécaniciens à proximité, qui lui ouvrent le cadenas, mais le préviennent qu’il ne peut pas se promener dans la zone de danger, puisque le parc d’attraction est ouvert et que le manège circule.

Vers 13h15, le manège Le Vampire est démarré. M. Fortin, qui circule à ce moment en dessous des rails, se fait frapper la tête par le premier train du manège, qui roulait à environ 80 km/h. Les deux opératrices du manège, alertées par des cris des passagers, escaladent la clôture pour tenter de venir en aide au plombier. L’une d’elles constate l’absence de son pouls. Des ambulanciers constatent son décès quelques minutes plus tard.

Ce malheureux accident aurait pu être évité, constate la CSST. D’abord, le remplacement de la pompe de vidange n’était certainement pas urgent, et aurait pu être fait après les heures d’ouverture. L’employé n’a manifestement pas été assez bien informé de la tâche qu’il devait accomplir.

«S’il s’était rendu au Vertigo, comme la zone qu’il aurait dû franchir pour se rendre à la fosse n’est pas considérée par l’employeur comme une zone de danger, il n’y aurait pas eu de possibilité de se faire happer par un manège en mouvement», explique l’inspecteur François Deschênes.

La CSST déplore également que l’accès aux zones dangereuses et aux zones restreintes soit limité par le même genre de cadenas, et qu’une seule clé puisse donc ouvrir toutes les clôtures.

«Il y a possibilité pour l’employeur de rendre le système beaucoup plus sécuritaire, ajoute le président des cols bleus de Montréal, Michel Parent. Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas l’employeur qui a tordu le bras du plombier et qui l’a poussé dans la zone de danger. Tout le monde était de bonne foi dans cette situation.»

Un constat d’infraction a été délivré à Parc Six Flags Montréal S.E.C., l’entreprise qui détient le parc d’attraction La Ronde, qui aurait agi de façon à compromettre la sécurité des travailleurs, selon la CSST.

De son côté, La Ronde se dit en désaccord avec les conclusions du rapport de la CSST, bien qu’elle soit attristée du décès de M. Fortin.

«Même s’il avait été adéquatement formé sur les procédures en place et malgré un rappel direct tout juste avant la tragédie, notre collègue est entré de façon inexpliquée dans une zone de danger restreinte et verrouillée», a fait savoir le parc d’attraction par voie de communiqué.

Le service des communications de l’entreprise n’a cependant pas voulu répondre aux questions de Métro.

Le rapport du coroner de l’incident devrait être rendu public dans les prochaines semaines.

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