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Coronavirus : les commerçants démunis face à la crise

SDC démunies face à la crise du coronavirus
Les SDC, comme la Promenade Fleury, se retrouvent impuissantes devant l’ampleur des conséquences des restrictions sanitaires liées au coronavirus. Elles misent surtout sur une relance importante une fois la crise passée. Photo: Amine Esseghir/Courrier Ahuntsic

En situation de crise sanitaire comme celle du coronavirus, les sociétés de développement commercial ont peu de moyens pour aider leurs membres commerçants. Faute de pouvoir agir immédiatement, elles pensent surtout à l’après-pandémie.

Propriétaire de Les Cavistes, un restaurant réputé sur Fleury Ouest, Maude Theroux-Seguin a dû se résoudre à mettre à pied sa trentaine d’employés le 16 mars. «La décision a été difficile à prendre. Il fallait penser au bien-être de ses employés, mais il ne faut pas se le cacher : c’est aussi une décision économique», admet-elle.

Dès l’annonce des premières mesures d’urgence pour limiter la propagation du coronavirus, elle a dû s’avouer qu’une sortie au restaurant allait rapidement devenir superflu. «On avait pensé réduire la salle de 50% et laver frénétiquement les surfaces, mais cela ne servirait à rien si les clients ne viennent plus.»

Elle devait par ailleurs ouvrir en avril le café-buvette Cerise, au coin de Fleury Ouest et de Meunier, à côté du parc Tolhurst. «Les travaux sont presque terminés et les factures vont entrer. Mais je n’aurai pas de revenus avant possiblement quelques semaines.»

Alors que ses établissements sont situés sur le territoire d’une Société de développement commercial (SDC), on peut se demander quelles actions peuvent être prises par ces regroupements pour aider les commerçants durant la crise du coronavirus.

Mme Theroux-Seguin est bien placée pour répondre. Elle est la présidente de la SDC Fleury Ouest. «On s’attelle surtout à faire rayonner le peu d’activités qui restent», lâche-t-elle.

Elle s’affaire donc à faire savoir par le biais des médias sociaux, quels établissements sont ouverts, lesquels sont fermés et quelles prestations sont offertes. Elle demeure aussi en contact avec ses membres. «On pourra reporter le paiement de la cotisation. Sinon, nous sommes plutôt dans l’après-pandémie», souligne-t-elle.

Au-delà des difficultés financières immédiates, les commerces doivent payer des charges fixes et des taxes.

«Au mois de mars, c’est un peu la fin du bas de laine. C’est à ce moment que reprennent les activités de manière plus soutenues. Les gens sortent sur les terrasses.» C’est ce début de saison raté qui l’inquiète le plus. «Est-ce qu’il y’aura une pause sur les taxes d’affaires ? Il y a des frais fixes et des obligations auxquels on ne pourra pas faire face.»

Un début de réponse a été formulé par la mairesse de Montréal, Valérie Plante qui a annoncé le report d’un mois de la date d’échéance du dernier versement du compte de taxes municipales, initialement dû le 1er juin 2020. Une mesure destinée à aider les entreprises secouées par la crise du coronavirus.

Elle pense à des représentations auprès des instances gouvernementales pour des aides directes aux commerçants. «Il faut que l’argent aille directement aux entrepreneurs. C’est les flux de trésoreries qui feront la différence.»

Toutefois, dans cette morosité, elle accueille avec beaucoup d’optimismes les premières décisions prises en faveur des entreprises.

«PME MTL me dit que leurs prêts seront sous moratoire, pour le capital ainsi que les intérêts. C’est vraiment une excellente nouvelle qui nous viendra en aide.» Une information qu’elle ne manquera pas de relayer auprès des membres de sa SDC.

Impuissance

Sur la SDC Jean-Talon Est, l’inquiétude est double. La rue connaissait déjà des difficultés à cause de travaux d’aménagement à venir qui décourageaient les investissements. Les restrictions sanitaires ont envenimé la situation.

«Nous sommes une rue qui est déjà aux soins intensifs à cause des travaux annoncés depuis deux ans et qui ne sont pas encore réglés. Cela paraît plus vite qu’il y a une chute de fréquentation quand il y a encore moins de gens dans la rue», observe Pierre Frisko, directeur de la SDC Jean-Talon Est.

La SDC tente surtout d’orienter les membres pour trouver des conseils juridiques par exemple, mais elle ne fait pas de promotion des actions entreprises par les commerçants. Il reconnaît qu’il reçoit peu d’appels des commerçants. «Nous avons surtout des appels de travailleurs autonomes.»

M. Frisko considère que la crise sanitaire dépasse les compétences d’une SDC. «Un de nos membres les plus importants est un magasin de sport. Il n’y a personne chez lui en ce moment. Toutes les compétitions ont été annulées, cela n’encourage pas les gens à aller dans les magasins de sport.»

À Ahuntsic, François Morin, directeur de la SDC Promenade Fleury confirme cet état de fait. Il admet qu’une SDC a peu de leviers pour aider ses membres dans des conditions aussi exceptionnelles.

Cela dit, il ne chôme pas. «Nous essayons surtout de jouer notre rôle de relai d’information», relève-t-il.

Il continue d’envoyer des courriels aux membres et s’acharne à faire vivre la rue commerciale comme il le peut. «Nous informons le public de ce qui est ouvert ou fermé. Nous donnons des conseils aux gens pour qu’ils ne prennent pas de risques en allant dans les commerces.»

Une liste des actions possibles est publiée sur le site Internet et la page Facebook de la SDC.

«Nous encourageons surtout les gens à soutenir moralement leurs commerçants du quartier et surtout à aller les voir une fois les restrictions sanitaires levées. »

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