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Zach Zoya: Vers l’excellence et plus loin encore

Zach Zoya Photo: Josie Desmarais/Métro

Pas question pour Zach Zoya de s’asseoir sur ses lauriers. Le jeune rappeur qualifié non sans raison d’«étoile montante» et d’«espoir» du hip-hop anglo du Québec vise l’excellence, rien de moins. Il fait un pas dans la bonne direction avec son premier EP solo, Spectrum.

À seulement 22 ans, Zach Zoya ressent déjà un certain vertige face au succès. Ce thème habite les six chansons de Spectrum, dont la très personnelle Patience, dans laquelle il adresse une mise en garde à lui-même : «I know my ego is my worst enemy».

Lorsqu’on est entouré d’une équipe qui veille au grain à la réussite de ses projets – Universal Canada s’est allié à son étiquette Disques 7e ciel pour promouvoir Spectrum à l’extérieur du Québec – et qu’on se fait continuellement rappeler qu’on est talentueux, il faut éviter à tout prix de tomber dans le piège de l’enflure.

«Quand je réfère à mon ego, je parle de ces moments où il serait facile de me dire : “C’est chill, je n’ai pas besoin de trop me forcer, I’m that shit”», explique-t-il lorsqu’on le rencontre.

Cette attitude, Zach Zoya s’en méfie immensément. «Même si les gens te disent que tu es bon, stop that, parce que c’est seulement en continuant de te dire que tu n’es pas assez bon que tu vas devenir meilleur, croit-il. Dès que tu te trouves bon, tu t’arrêtes. Cette chanson est une façon de me dire : Keep your ego on check.»

Le jeune Montréalais originaire de Rouyn-Noranda vise l’excellence sur toute la ligne, et pas qu’en musique. «C’est une pression que je me donne à moi-même. Mon aventure, je veux qu’elle soit successful. Sinon, je ferais autre chose», dit-il, à la fois déterminé et terre à terre.

C’est pourquoi il fait paraître un premier EP solo – deux ans après le mini-album Misstape enregistré avec High Klassified – plutôt qu’un album complet. Pourtant, Zach Zoya ne manque pas de matériel.

Perfectionniste comme il est, le jeune artiste ne veut pas se contenter de rassembler ses chansons déjà existantes sur un même long jeu. «Dans mon processus créatif, je ne suis pas encore là, avance-t-il en prenant une pause pour réfléchir. Mon premier album, je veux qu’il soit pensé du début à la fin. Avant même de commencer la première chanson, je veux avoir un fil de pensée, savoir où je m’en vais.»

Pour maintenir le cap, il a besoin qu’on le laisse faire les choses à sa manière. C’est ce qu’il évoque sur l’hyper accrocheuse In Da Way, qui traite de son cheminement.

«C’est une chanson un peu cocky [arrogante] dans laquelle je dis en gros : “Laissez-moi gérer ”, relate-t-il. Je suis super choyé d’avoir toute une équipe autour de moi qui m’aide dans beaucoup de trucs dans lesquels je n’ai aucun savoir at all. Mais ça fait qu’il y a aussi tout plein d’autres gens qui veulent avoir leur mot à dire sur mon craft

«C’est beau avoir du succès dans ce que tu fais, mais est-ce que tu te sens bien? Est-ce que tu fais de l’anxiété? Les autres ne vont pas me sauver. C’est quelque chose que je dois gérer par moi-même.» -Zach Zoya

Spectre

C’est sérieux tout ça, mais Zach Zoya sait aussi s’amuser. On en a un superbe exemple dans la bombe rap Slurpee, sur laquelle il raconte la fois où il a versé beaucoup de vodka dans sa slush. Le vidéoclip délirant signé Ged vaut absolument le détour.

Le titre du EP, Spectrum, se veut d’ailleurs le reflet des différentes facettes du rappeur. «Spectrum, ça représente toute ma gamme d’émotions et de styles», résume-t-il.

Rien n’est unidimensionnel. Ainsi, Zach Zoya est parfois gonflé à bloc, parfois confiant, parfois drôle et parfois fragile et vulnérable.

Ce qui nous ramène à Patience. Sur une boucle mélodique habillée de notes de piano, il aborde avec une introspection désarmante sa quête du bonheur. Le refrain en dit long : «Everytime I think of joy, I lose a little».

Alors que les rappeurs se cachent souvent derrière un personnage de scène ou un alter ego, Zach Zoya fait le pari de la transparence. Son regard franc et perçant sur la pochette du EP illustre son honnêteté.

Cela dit, le rappeur n’a pas composé les morceaux de Spectrum en se donnant de consigne. Il a plutôt sélectionné dans son répertoire les titres qui représentent le mieux les facettes de lui-même. «Quand j’écrivais ces chansons, je ne me disais pas : “Celle-ci va être ma chanson vulnérable; celle-là va être ma chanson cocky”», dit-il.

Entre le chant et le rap

Sur le plan musical, les compositions de Zach Zoya se situent dans le spectre du hip-hop avec des influences très variées, allant du folk au RnB. L’ensemble est très mélodique, rythmé et groovy.

Sa voix est toujours à cheval entre le rap et le chant. Ce flou artistique  est d’ailleurs devenu la signature du rappeur, qui traite sa voix comme un instrument. C’est pourquoi les mélodies viennent toujours avant les paroles dans son processus de création. «Avant de raconter une histoire, je vais donner une mélodie», dit-il.

On s’étonne souvent qu’un artiste qui rappe en anglais soit originaire d’Abitibi. Pourtant, ce fils d’un réfugié sud-africain et d’une mère québécoise estime que grandir dans cette région lui a permis une liberté totale dans ses explorations musicales.

«Je pense que j’étais moins biaisé à l’opinion des autres. Si j’avais eu mes boys avec qui entretenir un amour pour le hip-hop, j’aurais peut-être développé les mêmes goûts qu’eux.»

Bref, Zach Zoya ne s’est pas laissé influencer. «Je pouvais écouter du Usher, du Beyoncé, du Ciara ou du super de gros rap juste parce que je n’avais pas de groupe auquel m’associer. J’ai eu l’avantage d’écouter ce que je voulais sans pression. Je pense que ça m’a rendu plus diversifié, plus versatile peut-être.»

Autre étonnement : bien que Zach Zoya a commencé très jeune à faire du hip-hop – il a écrit sa première chanson à 17 ans –, il n’envisageait pas en faire une carrière.

«J’ai toujours vu la musique comme un truc que je faisais pour le fun. Il y a toujours eu de la musique dans ma vie; je ne peux pas me déplacer sans musique, je ne pouvais pas faire mes devoirs sans musique. Mais jamais je n’ai pensé que j’aurais une job dans ce domaine. Je ne connais pas mon solfège, je n’ai jamais suivi de cours!» lance-t-il en riant.

Ce qui n’empêche pas l’artiste autodidacte d’être sur une solide lancée. Certes, la pandémie a mis sur la glace plusieurs de ses projets; Zach Zoya devait notamment se produire à Osheaga en août dernier. «Je n’aurais sûrement pas été au Québec en ce moment, ajoute-t-il. Mais une fois que tu sais que c’est ça la réalité, il faut juste que tu move with it

En attendant un éventuel retour à la normale, le rappeur met toutes ses énergies sur la création. «Ça me donne beaucoup de temps pour me concentrer sur mon songwriting


Spectrum

En vente et sur les plateformes dès le 30 octobre

 

 

 

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