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Pandémie: prolonger la vie… à tout prix?

Un homme aux soins intensifs
Photo: Go Nakamura/Getty Images

Les choix de vie et de mort sont déjà une réalité. Selon une médecin, la fragilité du réseau hospitalier doit pousser les Québécois à discuter avec leurs proches: faut-il tout faire pour sauver la vie d’une personne dont la fin approche?

Gabrielle Voisine est médecin à l’urgence de l’Hôpital Anna-Laberge, à Châteauguay. À chaque jour, elle constate les effets de la COVID-19 sur le réseau hospitalier. «On est à plus de 100% d’occupation à peu près partout», remarque-t-elle. Dans sa région, la Montérégie, notamment, ça craque.

Dans les hôpitaux, le nombre limité de lits a forcé la main du gouvernement. Le ministère de la Santé a élaboré un protocole de triage aux soins intensifs. Les critères y sont bien définis. C’est la science et l’éthique médicale qui décideront du sort de certains malades.

Pour le moment, cependant, le protocole n’est qu’une éventualité. Ce sont les «niveaux de soins» qui priment. Élaboré au milieu de la dernière décennie, cet outil permet à un médecin de savoir si un patient dans un état grave doit être réanimé.

L’échelle comporte quatre échelons, en commençant par «prolonger la vie par tous les soins nécessaires» jusqu’à «assurer le confort uniquement sans viser à prolonger la vie».

C’est le patient qui décidera de prime abord de son sort. S’il en est incapable, c’est à ses proches que la décision reviendra.

En parler

La pandémie ne fait qu’accélérer le débat, selon Gabrielle Voisine. Chaque semaine, à Anna-Laberge, les patients se bousculent aux portes. Des fois dans un état si grave qu’ils n’ont pas la capacité de répondre à une question simple, mais lourde de conséquences : «si votre état se dégrade davantage, faut-il tout faire pour vous sauver?»

«Ce sont des discussions qui, normalement, nécessiteraient un peu plus de réflexion, lance Dre Voisine. Mais là, sur le coup, on nous dit de tout faire.» Les équipes ont l’obligation éthique de se conformer.

«On a des patients qui arrivent à l’urgence et qui ne sont même pas en mesure de nous parler de leur volonté. On appelle les familles et elles tombent des nues quand on leur demande si elles pensent que leur père ou leur mère voudrait être réanimé.» – Dre Gabrielle Voisine, urgentiste à l’Hôpital Anna-Laberge

Dans le contexte actuel, sauver un patient déjà en mauvais état peut avoir des conséquences collatérales, soutient l’experte. D’autres malades, dont certains ont de meilleures chances de survie, pourraient se retrouver sans lit.

«Ce n’est pas une discussion qui est le fun à avoir avec les parents, les grands-parents, les frères, les soeurs», convient Dre Voisine.

Le contexte pandémique n’aide pas, ajoute-t-elle.

Elle insiste: mieux vaut en parler maintenant, «avant qu’on n’ait pas l’occasion de le faire». «Alors que quelqu’un est en arrêt cardiaque, ce n’est plus le temps de décider», illustre Dre Voisine.

La hausse des hospitalisations se poursuit au Québec. Malgré une baisse tangible des nouveaux cas de COVID-19, 1500 personnes occupent des lits «COVID» dans le réseau hospitalier.

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