Sur les traces nord-montréalaises de Shah Frank
Le contexte de pandémie a été «le meilleur moment» pour qu’une artiste ayant développé son talent à Montréal-Nord lance son tout premier projet musical. En novembre, Shah Frank lançait Stellaria Story, un EP comptant sept titres.
C’était le coup d’envoi de la carrière de cette chanteuse qui cherche non seulement à conquérir la scène R&B québécoise, mais aussi celle du monde.
La principale intéressée est agréablement surprise du rayonnement qu’a eu son art jusqu’à aujourd’hui. L’énergisant morceau Ride or die, d’abord lancé en juin, frôle aujourd’hui les 80 000 écoutes sur la plateforme Spotify.
«Dès qu’on a sorti le EP, ça a été très bien reçu, soutient-elle. Il y a des gens qui m’envoyaient des vidéos d’eux en train de faire des chorégraphies sur ma chanson. Des gens du Japon, de Dubaï. C’était vraiment fou.»
Les paroles en anglais, écrites par Shah Frank, reflètent selon elle son côté authentique.
«C’est basé sur mes expériences personnelles, mes traumatismes, sur les histoires de mes amis proches».
Un éveil à Montréal-Nord
Née à Brooklyn de parents haïtiens, Shah Frank a grandi dans une famille amoureuse de la musique. À la fin de son adolescence, cet intérêt naturel se transforme en ambition de carrière. Elle souhaite devenir chanteuse professionnelle.
Devant les coûts onéreux des cours de chant, elle s’inscrit au programme Culture X de Montréal-Nord, où le fondateur Don Harley Fils-Aimé cherche à développer de nouveaux talents tout en occupant des jeunes en difficulté de l’arrondissement.
C’est dans ce programme qu’elle apprend à écrire, non pas sans obstacles. «Je me faisais dire pendant un an que mon texte n’était pas assez bon. À la fin, j’étais démotivée, et un jour, Don m’a dit que mon texte était bon. À partir de là, tout a déboulé.»
«C’est une personne extrêmement persévérante», décrit Don Harley Fils-Aimé, qui avait toutefois rapidement remarqué son talent naturel d’interprète lors d’un premier essai dans son studio. «Elle a été capable de rendre exactement ce que je voulais avec très peu d’efforts, se rappelle-t-il. C’était fantastique.»
«Très fier», de voir l’un de ses apprenants percer, M. Fils-Aimé souligne qu’il est rare que des anciens de son programme arrivent à se rendre jusqu’au bout.
Toujours très liée au quartier, Shah Frank a également passé plusieurs années à offrir des cours de chant à la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord.
Parallèlement à ses ambitions musicales, Shah Frank, qui a aujourd’hui 30 ans, a également fait des études en droit et a récemment obtenu son diplôme. Son plan B est devenir avocate pour représenter des artistes.
Émerger sans performer
Shah Frank a très hâte de pouvoir offrir de vrais spectacles, qui sont une source de revenus importante pour les musiciens.
Or, elle croit avoir profité du contexte de pandémie pour lancer son album, alors que de nombreux artistes ont repoussé la sortie de projets musicaux en raison de la situation sanitaire.
«Avec l’équipe, on a hésité avant de le sortir, mais je pense que ça a été le meilleur moment [pour le faire], mentionne-t-elle. Pour la visibilité, tout le monde en ce moment est sur Internet et sur leur téléphone. On cherche juste ça à être entertained.»