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Arrestation de Kwado D. Yeboah: «Avec des caméras corporelles, on aurait tout vu»

Les policiers sont munis de caméras corporelles depuis un certain moment dans plusieurs grandes villes.
Les policiers sont munis de caméras corporelles depuis un certain moment dans plusieurs grandes villes. Photo: Oleksandr Lutsenko/123RF

L’avocat du Barreau de Montréal qui a décidé de porter plainte à l’égard du SPVM à la suite de son arrestation controversée souhaite l’implantation de caméras corporelles sur les corps policiers. Critiquée pour son inaction dans ce dossier, la Ville de Montréal affirme faire de cette mesure une priorité.

«Nous travaillons présentement avec le gouvernement du Québec pour assurer la faisabilité et le financement de leur déploiement», indique Geneviève Jutras, attachée de presse au cabinet de la mairesse.

Dans plusieurs grandes villes pourtant, les policiers sont munis de caméras corporelles depuis un certain moment. New-York en a équipé la totalité de ses patrouilleurs en 2018 et à Toronto, c’est près de 2000  policiers qui ont incorporé la technologie à leur équipement cet été.

D’après le vice-président de la Commission de la sécurité publique, le temps presse pour que la mesure soit implantée à Montréal. «Les caméras portatives sont devenues indispensables dans l’interprétation des interventions policières. Elles permettraient d’éviter ce type d’interpellation et favorisent la transparence», soutient Abdelhaq Sari en référence à l’arrestation de M. Yeboah.

Pour Kwado D. Yeboah, il ne fait aucun doute que les évènements se seraient déroulés différemment avec cette technologie. L’homme de 38 ans se dit victime de profilage racial et se désole de ne pas avoir accès à un enregistrement vidéo de son arrestation pour appuyer sa version des faits.

«C’est certain qu’ils ne vont pas corroborer (les policiers), mais avec une caméra, je n’aurais même pas besoin de me justifier», déclare-t-il.

Yeboah espère cependant que cette mesure soit encadrée de façon précise par la législation, si elle était pour être instaurée. «Il faut que les policiers aient un contrôle restreint sur les caméras, sinon, autant ne pas en avoir du tout», souligne-t-il.

Technologie

Toronto choisissait, en août dernier, les caméras corporelles et les logiciels de gestion de preuves numérique de la compagnie Axon pour son service de police. Les appareils vidéos «Axon Body 3» sont des caméras intelligentes à haute résolution, lesquelles stockent leurs enregistrement directement sur un disque dur virtuel infonuagique.

Abdelhaq Sari, également conseiller d’arrondissement à Montréal-Nord, croit que la Ville de Montréal aurait dû opter pour cette technologie il y a longtemps.

«La Ville manque de courage politique, le projet est latent encore à ce jour. J’ai introduit une motion en février 2020 qui demandait à mettre en place un déploiement de caméras portatives, et au budget 2021, j’ai demandé un amendement qui visait ce même objectif. Les deux ont été refusés par Projet Montréal», rappelle-t-il.

De nombreuses raisons ont été invoquées par la VIlle pour justifier le report de l’implantation des caméras corporelles dans son service de police. Pour M. Sari cependant, le temps des excuses est révolu.

«Au début c’était la technologie qui était immature, après c’était trop cher. Par la suite, c’était trop complexe pour le système de justice. Et là, on dit vouloir collaborer avec le provincial. J’ai hâte de voir comment ça va fonctionner avec un premier ministre qui ne reconnaît pas le racisme systémique.»

À la suite d’un projet pilote tenu de mai 2016 à avril 2017, le SPVM a conclu dans un document synthèse que «l’expérience du projet n’a pas permis de démontrer sans équivoque que les caméras portatives favorisent la transparence des interventions policières».

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