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Élisabeth Boutin protège sa santé mentale après une année difficile

Élisabeth Boutin Photo: Gracieuseté/Christian Martin

L’année 2020 a été particulièrement difficile pour la triathlonienne lachinoise, Élisabeth Boutin. Elle avait décidé de mettre temporairement sur pause le sport pour quelques mois. Boutin retourne à l’entraînement de manière plus modérée en 2021 afin de continuer à protéger sa santé mentale.

L’athlète a été récompensée une fois de plus par la Fondation de l’athlète d’excellence avec une bourse de 4000$ pour souligner ses efforts académiques et sportifs.

Sur votre blogue, vous mentionnez avoir été confrontée à certaines épreuves concernant votre santé mentale. Comment décririez-vous ces évènements?

Ça fait 17 ans que je fais du triathlon. Je ne m’étais jamais questionnée sur ma santé mentale. J’avais déjà consulté des psychologues sportifs pour augmenter mes performances, mais je n’avais jamais consulté dans une optique de guérison.

En 2020, j’ai vécu une grosse perte de motivation, il n’y a rien qui me tentait. Avant ce moment, j’étais toujours à l’heure pour les entraînements, alors que j’ai snoozé durant tout l’été.
En octobre, je me suis mise à pleurer pendant deux semaines sans arrêt, et même en public devant une collègue. J’ai réalisé que je me créais une personnalité quand j’étais à l’extérieur et ça me prenait toute mon énergie.

Je me suis donné le droit de consulter et j’ai coupé les ponts avec mon équipe d’entraînement. C’est comme si j’avais eu une écœurantite et un épuisement psychologique. Par contre, je n’étais pas capable de me dire que c’était la fin et que je prenais ma retraite. Il me manquait un équilibre dans ma vie.

Je me suis laissé quelques mois sans entraînement. Ma mère m’a convaincue de publier comment je me sentais sur mon blogue, et la réaction a été complètement folle. Je me sentais vulnérable et faible, mais au contraire, quand tout le monde a vu ça, les gens ont vu une force plutôt qu’une faiblesse. Je continue de consulter, mais je vais mieux. Je reprends tranquillement mon rythme de vie.

Après avoir fait toute cette réflexion, quelle est votre vision du sport maintenant?

Je continue de m’entraîner avec l’équipe provinciale et je suis bien entourée. Je suis un rythme beaucoup plus lent qu’avant, mais ça va très bien.

Je sens que mon mental n’est pas revenu à 100%. Si aujourd’hui on me mettait sur une ligne de départ contre des filles super fortes, je ne me pense pas que je me battrais comme avant.

M’entraîner seule est encore difficile, mais quand je suis avec d’autres personnes, je suis capable de faire deux à trois entraînements par jour. J’ai eu cette intensité pendant la plus grande partie de ma vie, donc c’est sûr que du jour au lendemain, je ne peux pas tout abandonner et m’asseoir sur le divan sans rien faire.

L’année dernière, vous nous aviez confié votre désir de participer aux Jeux olympiques. Est-ce que c’est toujours un objectif que vous poursuivez?

En 2024, pour les Jeux de Paris, je vais avoir 29 ans, ce qui correspond à l’âge moyen des femmes qui y participent. J’y pense encore, mais je travaille avec ma psychologue pour justement ne pas me mettre de pression.

En théorie, dépendamment de la pandémie, on a plusieurs compétitions dans les trois sports ici au Québec. C’est quelque chose qui me tente et ça me permettrait de garder l’esprit de compétition.

Comment avez-vous réagi à l’annonce de la Fondation de l’athlète d’excellence concernant la remise d’une bourse de 4000$ ?

J’étais très contente, surtout avec l’année difficile que tout le monde a eue. Il s’agit de ma cinquième bourse avec la Fondation. Ils sont devenus une sorte de famille pour moi. À la fin de l’année, je participe à leur Défi 808 Bonneville pour les remercier de leur support.

La Fondation nous a offert des outils nous permettant d’être créatifs et de poursuivre l’entraînement durant la pandémie. Je leur serai toujours reconnaissante.

Pour faciliter la lecture de l’entrevue, certaines réponses peuvent avoir été éditées

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