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Réforme de la santé et sécurité : le patronat peut ranger ses violons

Photo: Archives
Dominic Lemieux  - Collaboration spéciale

Le Conseil du patronat a sorti les violons cette semaine au sujet du projet de loi 59 sur la santé et la sécurité du travail. On tente de faire croire qu’il affaiblirait trop leur «droit de gestion». 

Ça suffit le chignage! Ce projet de loi a été taillé sur mesure pour faire économiser 4,3 milliards sur 10 ans aux patrons, sur le dos des travailleurs et travailleuses maganés par le travail! Cette évaluation conservatrice n’a de toute évidence pas changé au fil des amendements : les reculs en indemnisation sont nombreux. 

Encore pire. Les mécanismes de prévention qui fonctionnaient bel et bien dans une minorité de milieux de travail tels que les mines et plusieurs usines sont affaiblis. Les travailleurs perdent leur droit de regard sur le programme de prévention et la nouvelle loi abolirait les minimums requis en matière de prévention, laissant les parties s’entredéchirer sur le sujet. Comme si on pouvait négocier la vie et la santé des salariés en même temps que leur salaire et leur prime de nuit. C’est indécent. 

Avec la réforme, des hommes et des femmes ne seront pas indemnisés parce qu’ils n’entrent pas dans les nouvelles cases restrictives, parce que leur demande est arrivée trop tard. Nombreux sont ceux et celles qui seront privés de services de physiothérapie, de réadaptation, de médicaments ou d’équipements pour pouvoir vivre dignement! 

Entendre le lobby des patrons rechigner sur un projet de loi qui leur fait la part belle, c’est assister à une grossière manœuvre de tirage de couverture, dans l’espoir que le ministre tranche encore plus du côté des employeurs. 

Nous sommes d’accord sur un élément avec le CPQ : une réforme du régime de santé et sécurité était due. En fait, voilà 40 ans que le système néglige l’importance de la prévention à la source dans plusieurs milieux de travail, comme le secteur des services ou encore ceux de la santé, de l’éducation et des services publics. Les mécanismes de prévention qui devaient être implantés dans tous les milieux de travail en vertu de la loi de 1979 ne l’ont étés que dans une petite partie des milieux de travail. 

Il s’avère que c’est là que travaillent une bonne partie de nos membres. Nous avons pu constater que la loi de 1979 a porté ses fruits : les accidents de travail ont bel et bien diminué dans nos mines, dans nos usines, dans nos fonderies. L’implication des travailleurs et travailleuses a fonctionné : ils ont contribué à rendre le travail plus sécuritaire, à implanter les mesures de prévention et à trouver des solutions pratiques. 

La nouvelle loi, si elle est adoptée dans l’état où elle est, donne les clés du poulailler au renard. L’employeur déciderait seul du programme de prévention dans l’entreprise. Les représentants en prévention (des travailleurs) perdraient des pouvoirs. On retire les exigences minimales de prévention en ne fixant plus de nombre d’heures de libération et de fréquence de réunions du comité de santé et sécurité. Pire, on dilue la prévention dans plusieurs milieux de travail en permettant d’instaurer des mécanismes de prévention pour plusieurs établissements, déconnectant les représentants à la prévention du terrain et de leurs collègues de travail. 

Le patronat, le ministre, veulent réduire les coûts? Il n’y a qu’une seule manière éthique d’y arriver : faire de la VRAIE PRÉVENTION, sur le terrain. 

Tout le reste n’est qu’entourloupette malhonnête pour priver les travailleurs et travailleuses d’une protection qu’ils sont en droit d’attendre. 

Dominic Lemieux 
Directeur québécois, Syndicat des Métallos (FTQ)

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