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D’itinérant à propriétaire

Photo: Gracieuseté, Frédérick Turcotte

Autrefois itinérant et toxicomane, Frédérick Turcotte est aujourd’hui sur le point de devenir propriétaire de sa première maison et de célébrer quatre ans de sobriété. Une réussite à laquelle ont contribué, du moins en partie, des Pointeliers qui lui sont venus en aide durant des moments difficiles.

Il y a quelques jours, la nouvelle est tombée: Frédérick Turcotte a obtenu l’approbation du prêt qui lui permettra d’acquérir la maison où il est né, à Saint-Côme.

«Quand j’ai eu le OK [de la banque], je n’y croyais pas», lance-t-il avec émotion lors d’un entretien téléphonique avec Métro. Dans quelques jours, raconte-t-il, il passera chez le notaire afin de devenir officiellement propriétaire de la demeure qu’il loue et partage avec sa conjointe et le fils de cette dernière depuis un an.

S’il dit réaliser un «rêve» avec cet achat, devenir propriétaire était loin d’être accessible pour lui il n’y a pas si longtemps.

En effet, l’homme de 42 ans raconte avoir «goûté à la rue» pour une première fois à l’adolescence, puis avoir connu durant des années des cycles de consommation, de prison, et d’itinérance – dont une dernière période où il a vécu à Pointe-aux-Trembles, il y a quelques années.

«Ça a toujours tourné dans ces modèles-là. Même quand je m’en sortais, j’ai toujours gravité autour de ça.»

Faire amende honorable

Frédérick a partagé la nouvelle de l’obtention de son prêt sur les réseaux sociaux il y a quelques jours. Il y annonçait aussi qu’il est sobre depuis près de quatre ans.

La publication a entraîné des centaines de réactions positives, notamment de la part d’internautes l’ayant connu dans les rues de Pointe-aux-Trembles.

Une «vague d’amour» qui a aussi permis à l’homme de remercier les Pointeliers pour l’aide qu’il a reçue vers la fin 2017, alors que des citoyens s’étant mobilisés lui ont payé manteau, nourriture et quelques semaines d’hébergement dans un motel en période de grand froid.

«Ils m’ont donné une chambre, permis de me nourrir, de me loger, de rester en vie. C’est mon besoin de survie qu’ils sont venus combler quand moi, je n’étais plus capable de le combler. Je ne vais jamais oublier qu’ils m’ont donné cette motivation de m’en sortir», se rappelle-t-il avec émotion.

En effet, il raconte que les quelques mois qu’il a passés en prison après son séjour au motel l’ont aidé à prendre conscience que de se «prendre en main» était aussi une façon de remercier ceux qui l’avaient aidé, de «faire amende honorable».

J’étais aussi à un point où si je retournais dans la rue, avec la consommation, c’était probablement la mort qui m’attendait.

Frédérick Turcotte

Dès sa sortie de prison, Frédérick est volontairement entré en thérapie pour un séjour de 6 mois, qu’il a étiré à 21 mois. La thérapie équine l’a particulièrement aidé, souligne-t-il.

«De fil en aiguille», il a repris contact avec sa famille, puis repris son travail de maître perceur, sa «passion». Fidèle aux Narcotiques anonymes, il affirme ne pas avoir consommé depuis – même pas un Red Bull.

Une vie tranquille

Si l’homme aux cornes affirme qu’il a toujours ses démons, il croit avoir aujourd’hui réussi à mettre «du baume sur ses plaies». Plusieurs projets l’attendent, dont celui de finalement «apprécier la vie».

L’emplacement de sa maison lui permet d’ailleurs de prendre des marches au bord de l’eau – chose qu’il appréciait également faire à Pointe-aux-Trembles – et de s’y rendre régulièrement pour lire.

Agrandir sa famille lui plairait aussi.

«En rachetant la maison et en vivant ici, c’est vraiment d’être capable de faire la paix avec tous mes démons», conclut-il.

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