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Cette famille de réfugiés quittera l’Ukraine pour Montréal

Photo: Gracieuseté / Alexander Mkrtychyan

Dans les prochains jours, Montréal s’apprête à voir atterrir les premiers réfugiés ukrainiens à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, y compris des familles complètes. Ce seront donc des hommes et des femmes accompagnés de leurs enfants, portant leurs bagages, mais aussi le lourd fardeau que leur a laissé la guerre. C’est le cas d’Alexander Mkrtychyan, de sa femme Maya et de leurs deux enfants, Ellen et Aram, qui arriveront tous le 31 mai prochain.

Cette famille ukraino-russe vivait à Tchornomorsk, une ville portuaire du sud de l’Ukraine située à 30 km d’Odessa. Alexander, né en Russie, a raconté à Métro le calvaire de sa famille pour fuir l’Ukraine et arriver à Montréal.

Alexander et ses deux enfants, Ellen et Aram; Gracieuseté / Alexander Mkrtychyan

Pris de court par la guerre

Au matin du 24 février, Alexander est réveillé par des bruits d’explosion venant d’Odessa. C’est en regardant les actualités qu’il a compris l’ampleur de ce qui se passait.

«J’ai pris mon téléphone pour regarder les actualités et tout est devenu clair pour moi. C’est la guerre», explique Alexander.

Tout de suite après, sa femme et lui ont commencé à réfléchir à la façon de s’y préparer, malgré la confusion. Ce n’est que quelques jours plus tard, avec l’apparition des points de contrôle routiers, qu’ils ont décidé de quitter l’Ukraine pour leur sécurité et celle de leurs enfants, âgés de 9 ans et de 14 mois. S’en est suivi un premier long périple de près de 35 heures alors que la famille a été prise au piège dans une file de voitures interminable.

Alexander et sa famille traversent une première fois la frontière moldave avec écrit sur le pare-brise «bébé à bord» en moldave et en ukrainien.

Forcés de constater qu’ils ne pourraient pas passer la frontière, ils ont décidé de retourner chez eux. Quelques jours après, ils sont partis à nouveau vers la frontière moldave. Mais cette fois à pied, avec un simple sac à dos.

Le plus difficile a été de réaliser que la vie était divisée entre le “avant” et le “après”.

Alexander Mkrtychyan

Une fois arrivée en Moldavie, la famille s’envole vers l’Arménie, où le père d’Alexander, gravement malade, pouvait recevoir un traitement. Malheureusement, il décède quelques jours après son arrivée.

«Il m’est difficile de réaliser qu’après presque 30 ans, ma famille et moi sommes dans le même état que mon père au début des années 90», explique Alexander.

Tout reconstruire au Québec

Depuis leur exil, Alexander et sa famille ont eu la chance de rencontrer des personnes qui leur sont venues en aide. Que ce soit en Moldavie ou en Arménie, cet exil n’aurait pas été le même pour eux sans l’aide précieuse des populations locales.

«Partout régnait une atmosphère d’entraide, explique Alexander. L’énorme afflux de personnes en provenance d’Ukraine n’aurait pas trouvé de solution si les citoyens ordinaires de Moldavie n’avaient pas ouvert leurs maisons.»

Alexander et Maya n’ont eu besoin que d’un peu plus de deux semaines pour effectuer le processus d’immigration vers le Canada. Une fois les documents en main, il ne leur restait qu’une chose à faire: planifier leur nouvelle vie au Québec.

Bien sûr, il y a des incertitudes et des craintes quant à notre avenir. Mais nous espérons que nous nous y retrouverons et deviendrons de bons voisins, amis, collègues de ces personnes que nous rencontrerons bientôt.

Alexander

C’est grâce à Facebook qu’Alexander a pu entrer en contact avec Anna. Elle travaille avec l’Union générale arménienne de bienfaisance (AGBU). Ce sera donc elle qui accueillera la famille de réfugiés ukrainiens à Montréal le 31 mai prochain et qui devrait les aider à trouver un logement à Laval.

«Nous avons appris une leçon: ne pas construire de plans ambitieux, dit Alexander. Désormais, les principaux objectifs de notre famille sont la santé, la tranquillité et la possibilité de poursuivre l’éducation de notre fille aînée.»

En Ukraine, l’entreprise familiale faisait des bonbons de toutes les formes pour les enfants. Ces derniers se vendaient un peu partout en Ukraine, jusqu’à la capitale Kyiv. Alexander espère pouvoir ainsi continuer ce commerce une fois arrivé au Québec.

«J’ai été imprégné du respect et de la gentillesse pour les Ukrainiens, qui voient toujours une personne en face d’eux, dit Alexander. Je suis sûr que je rencontrerai la même attitude de la part des Montréalais.»

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