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Itinérance: «L’hiver revient chaque année, mais c’est toujours le bordel» 

Les intervenantes du refuge de Chez Doris accueillent une femme en situation d'itinérance qui vient y passer la nuit. Photo: Nicolas Monet/Métro

Alors que l’hiver commence, plusieurs organismes du milieu communautaire critiquent l’insuffisance du plan déployé à Montréal pour venir en aide aux personnes en situation d’itinérance. Dans leur viseur, des prises de décision qui ne reflètent pas la réalité du terrain, et qui manquent farouchement d’anticipation.

«Les mesures hivernales sont toujours mises en place trop tard dans l’année. […] Il va y avoir des décès, ce n’est pas une question de s’il va y en avoir, mais quand. […] Il est temps que la Ville ouvre des places 24/7, 365 jours par année et non seulement lorsqu’il y aura des morts», affirme Annie Archambault, intervenante de proximité auprès des personnes en situation d’itinérance.

Une question qui va également se retrouver au Salon bleu. Québec solidaire (QS) dénonce à son tour un manque de planification des mesures d’urgence. Le parti réclame la création de plus de places en hébergement d’urgence pour cet hiver. Surtout, il impute à la Coalition avenir Québec (CAQ) la situation actuelle.

«Alors que l’hiver revient chaque année, c’est toujours le bordel quand il approche, estime Manon Massé, co-porte-parole de QS. On n’a pas de plan sur les mesures d’urgence hivernales. Les appels d’offres sont lancés au mois de septembre, [dans des] conditions qui mettent les groupes [communautaires] en difficulté. Ça n’a pas de bon sens», lâche-t-elle.

Notons que le plan dévoilé en novembre par le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal et la Ville de Montréal prévoit 1623 places en services d’hébergement d’urgence (SHU) et en haltes-chaleur, tout au long de l’année.

Un manque de places d’hébergement d’urgence

Au total, 150 M$ seront déployés sur cinq ans pour ce plan. Un «premier pas» qui demeure bien en deçà des besoins réels sur le terrain. «En 2018, au dénombrement des PSI, la Ville a compté 3500 personnes, et c’était seulement les personnes en situation d’itinérance visible. […] Aujourd’hui, je doublerais ce chiffre et j’en rajouterais pour l’itinérance cachée», abonde Mme Archambault.

Le gouvernement Legault a investi 280 M$ dans son Plan d’action interministériel en itinérance 2021-2026. Ce dernier prévoit de nombreuses mesures pour prévenir l’itinérance, mais ne va pas assez loin selon Québec solidaire.

«Dans ce plan, il y a des éléments excellents. Mais la façon d’y arriver, c’est de planifier, de donner les moyens aux organisations sur le terrain pour ouvrir des places d’hébergement de façon pérenne. […] C’est pas juste un toit que ça prend, ça prend un réel accompagnement», croit la co-porte-parole solidaire. Oui, la CAQ a fait des choses, reconnaît-elle, mais «ses mesures ne sont pas assez structurantes».

La députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques appelle ainsi le ministre délégué aux Services sociaux, Lionel Carmant, à mettre en place «beaucoup plus» d’hébergements d’urgence pour cet hiver, mais surtout, à financer «adéquatement les organismes qui font le travail pour eux».

«Il faut une politique de lutte contre l’itinérance avec différents axes qui reconnaît la force de la diversité des approches de terrain. Les organismes méritent d’avoir un financement à la mission pour que les intervenants travaillent à leur mission plutôt qu’ils cherchent l’argent pour la faire», insiste-t-elle.

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