Montréal ne serait pas prête à réagir en cas de séisme majeur
Selon la Dre Joanne Liu, pédiatre et professeure à l’École de santé des populations et de santé mondiale de l’Université McGill sur les urgences pandémiques et sanitaires, personne n’est préparé à intervenir lors d’un séisme qui fait des milliers de décès et de blessés en quelques minutes. «Je ne voudrais pas que ça arrive à Montréal, car on serait mal pris. Je pense que nous manquerions de pelles mécaniques», affirme-t-elle.
En entrevue à l’émission Tout un matin de Radio-Canada, la Dre Liu, qui a déjà été présidente de Médecins sans frontières, a expliqué toute la complexité organisationnelle des mesures de secourisme à mettre en branle après une catastrophe d’envergure, comme les tremblements de terre qui ont causé la mort d’au moins 5000 personnes en Turquie et en Syrie lundi.
Après le chaos qui suit un séisme, la Dre Liu souligne que l’aide humanitaire se déploie en trois temps: les opérations de recherche et de sauvetage, le secours rapide des gens sous les décombres et, finalement, la nécessité d’assurer les besoins vitaux de la population (abris, eau et nourriture).
Difficulté d’accès
Dans le cas du séisme de lundi, un des principaux obstacles à une intervention rapide est l’accessibilité au lieu de la tragédie.
«C’est très compliqué, car la Syrie est un pays en guerre et il y a un enjeu de frontières. Heureusement, il y a une résolution au Conseil de sécurité des Nations Unies qui est reconduite à tous les six mois pour permettre l’aide humanitaire transfrontalière. La dernière a été signée le 9 janvier 2023», mentionne la Dre Liu.
Elle considère que l’aide humanitaire est malgré tout bien organisée en Turquie, car il y a beaucoup d’organisations non gouvernementales (ONG) sur place qui ont déjà accueilli des millions de réfugiés syriens. «Ça fait une grande différence», dit-elle.
La liste des victimes risque de s’allonger de façon importante au cours des prochains jours, croit la Dre Liu. L’OMS soutient que ce nombre pourrait atteindre 20 000. «Il y a ceux qu’on va retrouver trop tard dans les décombres, mais aussi ceux qui seront morts d’hypothermie par manque d’eau et de nourriture.»
Parmi les autres victimes, il y aura les personnes qui n’auront pas accès aux médicaments requis. «Pendant que les blessés doivent être soignés, les femmes enceintes continuent d’accoucher et les malades ont besoin de leurs médicaments», rappelle la Dre Liu.
La Dre Liu mentionne que le Canada pourra contribuer en apportant de l’aide à ses partenaires locaux. «La Croix-Rouge canadienne va travailler avec le Croissant-Rouge turc. Et s’il y a des besoins au plan du matériel via un pont aérien, le Canada pourrait y participer.»