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Les Michelois se mobilisent contre le promoteur Mondev

Le 7030, boulevard Saint-Michel accueillait auparavant le Marché Esposito
Le 7030, boulevard Saint-Michel accueillait auparavant le marché Esposito. Photo: Street View / Google Maps

Les citoyens de Saint-Michel ne comptent pas se laisser faire et sont décidés à récolter les 119 signatures nécessaires à la tenue d’un scrutin référendaire sur le projet immobilier controversé du promoteur Mondev, prévu sur l’emplacement de l’ancien marché Esposito. Plusieurs citoyens déplorent que l’Arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension ait accepté des signatures qui auraient été récoltées de manière malhonnête par le promoteur.

En novembre dernier, des citoyens avaient dénoncé des pratiques fallacieuses d’un employé du promoteur qui se faisait passer pour une «personne tierce» employée par la Ville de Montréal et par Mondev afin de récolter des signatures et permettre au projet d’aller de l’avant malgré les contestations de la population.

Lors de l’assemblée du conseil d’arrondissement du 7 mars, le conseiller de la Ville dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension Sylvain Ouellet a annoncé que l’ensemble des signatures récoltées par le promoteur respectaient la loi. Le 28 mars se tiendra donc un registre où 119 signatures devront être récoltées pour que se tienne par la suite un référendum.

«Nous focalisons sur le 28 mars et l’obtention de 119 signatures pour démontrer à l’Arrondissement le mécontentement des citoyens et citoyennes de Saint-Michel, dit Alexandre Boucher-Bonneau, résident du quartier. On veut aussi montrer qu’on est capable de se mobiliser dans Saint-Michel pour les logements sociaux, contre des projets qui n’ont pas d’allure en lien avec nos besoins.» 

Il affirme que les citoyens mobilisés visent au-delà des 119 signatures requises et que de nombreux organismes communautaires du quartier veulent aussi s’impliquer. 

Les citoyens doivent se rencontrer prochainement pour préparer et coordonner la journée du 28 mars et ainsi s’assurer d’avoir les signatures nécessaires. Selon Alexandre Boucher-Bonneau, un service de raccompagnement des résidents à mobilité réduite et une halte-garderie sont envisagés par les citoyens pour permettre au plus grand nombre de personnes possible d’aller signer le registre.

Une demande a été effectuée auprès de l’Arrondissement pour que la tenue du registre ait lieu à la Maison du citoyen, dans le parc François-Perrault, au lieu de près du métro Parc dans Parc-Extension, afin de faciliter l’accès au registre pour les citoyens les plus concernés.

Une «douche froide» pour certains

Un autre citoyen du quartier, qui préfère rester anonyme par peur de représailles du promoteur, a appris avec désarroi la décision de l’Arrondissement de poursuivre le processus malgré les pratiques fallacieuses du promoteur dénoncées par les citoyens. Lui-même est directement touché par le futur projet, par la proximité avec son logement. Pour lui, l’annonce de l’Arrondissement d’aller de l’avant a été l’équivalent d’une «douche froide».

«On a vraiment l’impression que du côté de Mondev et, par extension, de la mairie, c’est extrêmement compliqué pour nous de faire valoir nos droits, dit-il. Clairement, au niveau des élus, je ne leur fais plus confiance. […] On s’était dit que c’étaient des alliés mais ils ont l’air d’approuver [les agissements du promoteur].»

Il déplore aussi le manque de communication de la part de l’Arrondissement sur le déroulement du projet, mais également le manque de considération quant aux préoccupations des citoyens. «On trouve vraiment qu’au niveau citoyen, on ne se fait pas assez entendre et qu’on écoute trop Mondev, ajoute-t-il. À partir du moment où Mondev se fait passer pour la Ville, l’aspect fallacieux, il est là.»

Selon lui, certains citoyens refusent de dénoncer le projet par peur, là encore, de représailles de la part du promoteur.

J’ai l’impression qu’on nous met des bâtons dans les roues, alors qu’on veut juste faire valoir nos droits.

Résident de Saint-Michel

Continuer dans l’«intérêt du public»

Bien que le promoteur refuse de construire des logements sociaux comme le prévoit le règlement pour une métropole mixte – anciennement le règlement 20-20-20 –, Sylvain Ouellet explique que le projet répond quand même à la réglementation par le versement d’une contribution au fond de logement social.

«Le promoteur doit payer plus cher au pied carré ou par logement s’il décide d’opter pour la compensation monétaire. Il y a certains projets très dérogatoires pour lesquels on peut forcer, mais étant donné que la zone était déjà mixte au point de départ […], on est moins dans une position de négociation.»

Il rappelle que le règlement pour une métropole mixte donne aussi la possibilité au promoteur de racheter un autre terrain pour y construire du logement social.

À cette étape du processus d’approbation référendaire, ce n’est pas dans l’intérêt du public d’y mettre fin. Donc, nous, on doit s’en tenir au processus.

Sylvain Ouellet, conseiller de Ville dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension

«Est-ce que j’aurais préféré qu’il y ait des logements sociaux sur place? La réponse est oui. Est-ce que c’est un échec? Non, car ça répond quand même au règlement sur une métropole mixte», affirme Sylvain Ouellet.

L’élu qualifie cependant de «déplorables» les agissements du promoteur. Il explique que l’Arrondissement suit les recommandations des services de la Ville, qui ont validé les signatures et recommandé de poursuivre la procédure d’approbation référendaire.

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