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Une saucette en éducation avant le plongeon 

Photo: Denis Germain, Métro

Comme son nom le laissait présager, Émilie Béland-Bonenfant exercera son métier auprès d’enfants. Destinée à côtoyer quotidiennement les équipes-école de Montréal, la doctorante en psychologie en milieu scolaire a choisi de faire de la suppléance comme façon de s’immerger dans son futur environnement de travail.

Assise bien droite à la table d’un salon de thé de Rosemont, la jeune femme de 29 ans sirote une limonade. Un breuvage qui s’accorde autant à la journée chaude qu’elle a choisi pour nous rencontrer qu’à l’image qu’elle projette. En présence d’Émilie Béland-Bonenfant, il est difficile de dire si c’est le timbre doux de sa voix ou son aura bienveillante qui rend l’atmosphère si réconfortante.

Émilie paraît avoir été modelée pour devenir psychologue. « J’ai toujours eu un grand intérêt pour les relations d’aide. J’aime écouter l’autre, essayer de le comprendre et de l’épauler. »

Depuis l’adolescence, elle se laisse guider par cette intuition. Un sentiment d’abord enraciné par un baccalauréat en psychologie, puis un diplôme d’études supérieures spécialisées en intervention comportementale auprès des personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme. Et cette année, elle achève un doctorat pour devenir psychologue en milieu scolaire.

Un choix évident si l’on retrace l’itinéraire professionnel d’Émilie qui traverse des camps de jours, un centre de pédiatrie sociale de Saint-Laurent et des organismes communautaires. Que ce soit en aidant des enfants issus de l’immigration à se préparer à leur rentrée à la maternelle ou en offrant du soutien à des jeunes affectés par des troubles neurodéveloppementaux ou des déficiences intellectuelles, ces expériences ont confirmé à Émilie qu’elle aimait « beaucoup travailler avec les jeunes et surtout les aider dans leur apprentissage ».

Une saucette dans le monde de l’enseignement

Sa carrière la destinant à côtoyer le personnel enseignant et les divers intervenants scolaires, Émilie a commencé à faire de la suppléance occasionnelle dans des écoles primaires de Montréal en 2020. Un bon moyen de « concevoir » la vie de prof, et non pas de « devenir » un enseignant. « Je ne m’improviserais pas professeure. Je n’ai pas leur formation. »

La doctorante croit que c’est à juste titre qu’on parle de « sciences » de l’éducation. Elle cite en exemple le fonctionnement particulier de la mémoire des enfants en développement, d’où découlent des techniques et principes d’enseignement précis à maîtriser.  

En prêchant l’humilité, elle estime que le rôle du suppléant est mieux circonscrit, et ce, dans l’intérêt de la classe et de l’enseignant remplacé.

«Mon souci principal quand je fais de la suppléance, c’est que le groupe ne se sente pas désorganisé et que je respecte ce que l’enseignant a planifié.»

«C’est difficile pour l’enseignant d’offrir du soutien individualisé à un groupe de 25 à 30 élèves assez hétérogène. Dans une même classe, certains élèves sont de niveau alors que d’autres le sont à peine.»

Cette contrainte a obligé la suppléante à modérer ses attentes quant au soutien qu’elle pouvait donner en classe en l’espace d’une journée.

«Quand un jeune ne comprend pas, on tente de lui expliquer. Mais quand un jeune ne comprend pas encore, c’est qu’il a sûrement besoin qu’on lui réexplique des notions ou qu’on les illustre par des manipulations. »

Le doigté d’une prof peut contribuer à surmonter le découragement d’enfants confrontés à des expectatives académiques parfois «trop élevées pour leur capacité».

«Il faut des ressources pour ces petits humains. Certains ont besoin d’un plan d’intervention avec des professionnels, d’autres, d’outils technologiques, d’autres, d’accommodements. »

Devant l’adversité que doivent surmonter certains élèves en difficulté, l’optimisme et la bonne volonté d’une suppléante avenante ne sont pas suffisants, reconnaît Émilie.

Ne devient pas enseignant qui veut

Enrichie de son expérience à titre de suppléante dans diverses écoles primaires de Villeray, Rosemont, Hochelaga et du Plateau-Mont-Royal, entre autres, il est clair pour Émilie que « ce n’est pas tout le monde qui peut s’improviser enseignant ».

L’accompagnement, notamment par des conseillers pédagogiques, et la supervision des suppléants sont primordiaux pour former les enseignants non légalement qualifiés.

« En accompagnant ces enfants, les enseignants forment la société de demain. Il faut qu’ils soient passionnés, mais aussi compétents. »

Émilie Béland-Bonenfant. Photo: Denis Germain, Métro.

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