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Pourboire: voici pourquoi les options sur les machines Interac sont plus élevées que 15%

Photo: iStock

«Pour le take-out, je trouve ça pas mal cher, des options de pourboire qui commencent à 18%», pense Karine, une mère de famille qui étudie à temps plein à l’Université du Québec à Montréal, que «le McDonald dépanne environ une fois par mois». Ces options prédéterminées sont pourtant la norme dans l’industrie des bars et de la restauration.

Selon l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), la norme en matière de pourboires donnés demeure 15% ou 16%. Du moins, il s’agit des résultats obtenus lors d’un sondage effectué par la firme Léger en mars 2022. Pour des restaurants où le service est complet, Karine donne «au moins 15%, souvent plus».

Érika, une immigrante récemment arrivée au Québec, ne va pas souvent au restaurant en raison d’un budget plus serré. «Je donne 15%», dit-elle, expliquant qu’elle ne trouve pas les options proposées trop chères. Vincent, qui habite dans Hochelaga, mais fréquente les bars et restaurants du Vieux-Montréal, trouve que de présenter des propositions de pourboire commençant à 18% «c’est bien correct, dès qu’il y a du service».

Selon le porte-parole de l’ARQ, Martin Vézina, les machines offrent des options de 18% à 25% par défaut. Ce serait le cas «parce que c’est la norme aux États-Unis, puisque la structure du salaire minimum n’est pas la même qu’au Québec». Dans certains États, dit-il, il n’y a pas de taux à assumer par l’employeur pour assurer que les employés atteignent le salaire minimum. Parfois, «l’employeur peut ne verser aucun salaire».

Qu’en disent les distributeurs?

Métro a contacté trois compagnies majeures distribuant les terminaux Interac, Square, Clover (ou CSP) et Moneris, pour voir qu’elles sont les options de pourboire proposées par défaut.

Chez Square, les pourcentages programmés par défaut pour les pourboires sont de 15%, 20% et 25%. Une option de «pourboire programmé» offre les mêmes choix, en plus de l’option «Aucun pourboire» pour les achats de 10$ et plus. Pour les transactions en deçà de 10$, cette option suggère de laisser 0$, 1$, 2$ ou 3$.

Du côté de Clover, la compagnie a assuré qu’il n’y avait aucune option par défaut. Un vendeur de cette compagnie a toutefois assuré que les options de pourboire par défaut des terminaux étaient de 10%, 15% et 20%. Moneris a refusé de nous donner ces informations.

Le même vendeur, sans avoir de données pour appuyer sa position, croit que ces options sont nouvellement la norme parce qu’il s’agit d’un choix pour lequel il n’est pas nécessaire de penser: «Ça va plus vite, le choix se fait automatiquement, c’est un no brainer

Les propriétaires ou gestionnaires de restaurants et de bars peuvent modifier les paramètres des options de pourboire que présentent leurs terminaux Interac. «Des fois, ils ne savent pas comment les modifier, dit M. Vézina. Mais des fois, ils le font. Des fois, il y a des employés qui mettent de la pression pour faire augmenter les taux de pourboire» proposés, croit-il.

Au 3 Amigos de la rue Saint-Denis, le propriétaire, Michou, juge que des options se situant entre 15% et 20% sont amplement suffisantes. «Les serveurs font bien assez d’argent», croit-il. La propriétaire du Végo, sur la même rue, laisse les clients inscrire eux-mêmes le montant ou le pourcentage de pourboire qu’ils veulent laisser. «C’est eux qui se servent, je préfère les laisser choisir», explique-t-elle.

… et les travailleurs de l’industrie?

Frédérique*, qui a été serveuse notamment chez la Buvette chez Simone, Lundi au soleil, Banc public et le Rouge gorge, confirme que c’est effectivement «généralement l’employeur» qui a choisi ces options de pourboire. «Mais ça peut être discuté dans un staff meeting», nuance-t-elle.

«Dans la grande majorité des places où j’ai travaillé, c’était 15-18-20%», dit celle qui a plusieurs années d’expérience en service. Elle voit parfois des pourcentages allant jusqu’à 22%, 25% ou même 30%. Certains commerces «pour emporter, comme des boulangeries, ont leurs propres taux qui commencent à 10%».

Maximilien et Orane, qui travaillent dans un bar du Quartier latin, confirment aussi que c’est l’employeur qui choisit, «mais on peut lui dire quoi mettre». De leur côté, les options de pourboire proposées sont de 18%, 20% et 22%.

Avant, on avait l’option de 15%, mais maintenant [qu’on a changé les paramètres], la majorité des clients donnent 18% de tip.

Orane, serveuse et barmaid dans un bar du Quartier latin

Il faut dire que le bar dans lequel le couple travaille vend des bières au prix modique de 3,50 $. «Les drinks sont tellement pas chers que 15%, ça revient pas gros», souligne Maximilien. Lui et Orane paient l’ensemble de leurs factures en travaillant dans ce bar. «Je ne regarde jamais mes paies, c’est le tip qui me donne de l’argent», dit Orane, rappelant que le salaire minimum pour employés avec pourboire est de 12,20 $ l’heure.

Karl travaillait dans un restaurant-bar à spectacle où il ne recevait presque pas de pourboire. «On me disait: “Tu ne viens même pas à ma table, pourquoi je donnerais un pourboire?” Ben, tip pas, mais ne me le dis pas!», lance-t-il. Son travail impliquait qu’il devait «tout» faire, sauf la gestion.

«Si les clients voient 18% puis qu’ils sont à l’aise, ben qu’ils y aillent. Ça reste le choix de la clientèle, le pourboire», rappelle Martin Vézina, porte-parole de l’ARQ. Car l’option «aucun pourboire» ou celle permettant d’inscrire un montant de pourboire sur mesure existe toujours.

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