Soutenez

La vie selon Seb Black

Photo: Yves Provencher/Métro

Jeudi, Seb Black lance On Emery Street. Un album qui a du vécu.

«Les textes, c’est tout pour moi. Je mets plus de 50 % de mon travail là-dedans. Si le texte n’est pas bon, je me fous de la toune.»

Né à Montréal, ayant habité «un peu partout», avant de revenir dans la métropole il y a 10 ans, Seb Black fait de la musique «pour dramatiser ses paroles». «Je l’utilise pour marquer mes mots, dit-il. Ce sont vraiment eux que je mets de l’avant.»

Il y a quelques années, Seb a fait paraître un disque, «même quatre», avance-t-il en blaguant. Ou peut-être pas. Mais de ça, il ne parle pas trop. On Emery Street, il l’appelle son premier opus officiel, le premier dont il soit vraiment satisfait. C’est lui-même qui le dit : «Par le passé, j’ai fait des albums, mais celui-ci, je l’aime. C’est une atmosphère, c’est un style. J’ai tout géré, tout réalisé et j’ai réussi à lui donner la vision que je voulais vraiment lui donner.»

On Emery Street, ce n’est pas seulement un titre, c’est aussi l’endroit où le musicien habite. Ce coin du Quartier Latin où il a son studio, ses chiens, ses amis. Un labyrinthe de pièces où on croise quelques personnes, «salut, salut», qui disparaissent aussitôt. C’est d’ailleurs avec une chanson qui porte le nom de sa rue que Seb Black ouvre son album. Cette rue où les choses ne sont pas toujours simples, où les choses dérapent parfois, surtout lors des manifs, dont il parle dans sa pièce-titre.

[pullquote]

Le projet est donc né dans ce quartier, au fil des copains qui passaient par là. «Sur l’album, il y a des joueurs de cuivre, deux batteurs différents, quelques guitaristes… attends, un, deux, trois, quatre… et moi en plus… donc cinq guitaristes différents. Il y a tout le temps une gang de gens qui chillent chez moi. S’il y a un gars qui arrive et qu’il a une bonne idée, je vais la mettre sur le disque. Je fonctionne au mérite.»

On Emery Street, dit-il, c’est «comme un film». «C’est mon histoire, c’est ma vision, et c’est aussi la raison pour laquelle on passe à travers plein d’émotions. Parce que le film parle de moi. Et parce que, comme dans un film, à un moment donné, t’es dehors; à un autre moment donné, t’es dans un tunnel; à un autre, tu cours…»

«J’ai eu une vie peut-être différente de bien du monde, enchaîne-t-il. Un peu plus difficile, un peu plus fuckée. Whatever. Ça transparaît peut-être dans mes chansons…»

Oui. Et c’est aussi ce qui plaît. Ce vécu que l’on sent dans des morceaux comme Trouble, sur lequel il critique certaines figures d’autorité (l’armée, le père…). Ou comme The Rich Kids. Une chanson qui parle de ces enfants bien nantis qui, après avoir cherché en vain leur salut dans la Bible, se tournent vers l’œuvre de Coltrane. «C’est une métaphore de la société. Une société pensée pour et par ces kids, qui essayent désespérément de trouver une façon d’être heureux, explique Black. J’ai réalisé que, plus t’as été gâté, plus t’auras du mal à être heureux. C’est vrai : les gens que je connais qui ont vécu la pire merde, je te parle de 10-ans-de-prison, je te parle de pas-de-parents, je te parle de trucs comme ça, eux, ils ne s’apitoient jamais sur leur sort.»

Souvent comparé à Tom Waits en raison de sa voix rauque, joliment abîmée, Seb Black affirme qu’avec son album, il veut transmettre «du gris». Des «millions d’ombrages de gris». «Il n’y a rien de noir et blanc. Il y a deux perceptions pour tout. Tout le monde fait des tounes d’amour, mais l’amour, la vie, ce ne sont pas des fleurs. Chanter du ‘‘I love you, I love you’’, ça ne m’intéresse pas. Moi, j’essaye de dire quelque chose.»

On Emery Street
Lancement aux Katacombes
Jeudi à 21 h
Entrée 10 $ – CD inclus

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.