Le «gagsta rap» de Random Recipe
Si le gangsta rap met en scène des histoires de dealers, de violence et de misogynie, les Random Recipe pourraient bien avoir inventé le «gagsta rap». Une musique festive, lumineuse, humoristique, voire bédéesque qui allie beat box, rap, électro et pop européenne façon nineties.
«Le leitmotiv de notre deuxième album, Kill The Hook? On ne savait même pas si nous allions en faire un second», lance Frannie Holder, la voix intense de cette formation qui a fait beaucoup de chemin après la publication du premier, Fold It! Mold It!
Trois ans et plus de 150 concerts au Québec, aux États-Unis, en France, en Belgique et en Islande plus tard, le quatuor nous offre, malgré les doutes et les remises en question, un album dansant très solide où se mêlent lyrisme et beat box, rap et électro. Bref, un savant dosage des personnalités disparates des quatre membres du groupe. «Philippe Brault, notre réalisateur, avait dit au départ : “Il ne faut pas que ça sonne comme un album de compromis, un 60 % de ce que vous pourriez être.” L’idée était de faire briller chacun d’entre nous avec ce qu’il peut apporter sur la table sans s’arracher la tête ni non plus couper les coins ronds», analyse Frannie avant d’expliquer la démocratie collégiale du groupe, qui a fait un tabac lors du lancement de Kill The Hook au Festival de musique émergente (FME) d’Abitibi-Témiscamingue, en août dernier.
Mais si les quatre artistes ont des références différentes, c’est autour des lignes de basse et des synthés à la James Blake, un pionnier du post-dubstep, que se sont greffés les influences du rappeur Kanye West pour les rythmiques et les arrangements ainsi que la pop scandinave électro féminine dans les envolées lyriques, sans oublier les tendances des années 1990 dont le grunge, présent dans certains solos de guitare.
Et comment s’est effectué le mariage entre le côté intense et lyrique de Frannie et le rap joyeux de Fab, les deux voix du groupe? «Ça dépend des chansons. Certains morceaux, qu’ils viennent de Frannie ou de moi, sont très joyeux, mais il y a aussi des textes que je ne qualifierais pas de dark, mais qui sont moins naïfs, dont ceux qui nous ont été inspirés par le printemps érable. On a subi les influences de la société dans laquelle nous vivons et cela, tant à Montréal que lorsque nous étions en voyage. Parfois, on joue sur les contrastes en prononçant, par exemple, des paroles super positives sur un ton monotone ou encore des choses qui interpellent en les présentant à la façon théâtrale d’une Nicki Minaj», explique Fab qui, contrairement à ce qu’on dit, a rencontré Frannie, avec laquelle elle a fondé les Random, sur le site internet MySpace.
En attendant de voir les Random Recipe dégoupiller leur festive et contagieuse énergie sur scène, voilà de quoi nous sustenter.
Textures sonores
«Une pièce en français? Oui, on a essayé. C’est vraiment un autre rapport à la musique lorsque la langue est le français. Les mots passent au premier plan. Or, nous, on écrit pour jouer avec les textures sonores que la langue anglaise nous permet. S’il n’en tenait qu’à moi, je n’utiliserais même pas de mots, mais seulement des sons pour faire passer les émotions», explique en substance Frannie.
Elle qui s’amuse en racontant qu’elle ne parvient pas à se faire comprendre en France, en raison de la langue lorsqu’elle chante et de son accent quand elle parle.
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Kill the Hook
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