L’univers dystopique de Chic Shack
Il y a une niche indéniable pour les émissions de décoration, rénovations et «home-staging» en tout genre. Pas plus fin qu’un autre, je tombe souvent dans le piège de visionner en boucles les multiples déclinaisons que m’offre Canal Vie sur le thème de refaire ma vie une pièce à la fois.
C’est répétitif, mais ça marche comme concept.
Sauf que parfois, on tire un peu trop sur l’élastique.
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Chic Shack est le deuxième véhicule de Brigitte Poitras sur les ondes de Canal Vie, après le très populaire Bye-Bye Maison. Elle est rejointe ici par le styliste Énock Robin et, pour l’histoire rapide, les deux redonnent un second souffle à des chalets qui ont la mine basse.
Sur papier, un concept assez inoffensif, qui mise sur une formule gagnante. Deux stylistes ouvrent les portes d’un chalet, change le look en quelques jours et les propriétaires reviennent heureux comme des pinsons. Merci et bonsoir!
Mais l’opération tourne carré, à mon avis, et la prémisse même est à blâmer.
La formule qui a fait la renommée de Bye-Bye Maison, soit de bonifier l’intérieur d’un domicile en vente, ne fonctionne pas dans un chalet. Les deux stylistes s’acharnent souvent sur des détails esthétiques plus que pratiques et les chalets, après le travail de l’équipe, semblent souvent extraits des pages glacées d’un magasine à la mode.
La question que je pose, alors: qui sont ces gens qui vivent dans ces chalets artificiellement améliorés?
Le principe même du chalet, à mon avis, réside dans la simplicité et la rusticité. Je vois mal la justification d’ajouter des lampes extravagantes, des vases remplis de billes en verres et des babioles au mur dans ce qui était, et devrait être, un shack.
La dénaturation profonde du Québec rural devient ici le moteur de l’émission et j’ai un malaise. Pas un énorme malaise, on s’entend, mais un malaise quand même.
Sans rien enlever à madame Poitras, monsieur Robin et l’équipe derrière l’émission, peut-être serait-il plus sage de se consacrer uniquement à la vente de maisons. L’embellissement de chalets, à mon avis, c’est superflu. On se sentirait presque mal d’oser salir les planchers avec des bottes boueuses dans ces décors champêtres chics plus que rustiques pratiques.
Pour les curieux, le spécial de Noël (en reprise souvent à Canal Vie, consultez vos grilles) est un bel exemple d’excès et d’étalage de richesses dérangeants.
Les shacks de mon enfance, en bois rond et pas très isolé, n’ont plus l’allure d’antan. À en croire ma télé, ils sont plus contemporains que mon quatre et demi au centre-ville de Montréal.
C’est tout dire.