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Guillaume Gallienne: «Je suis constitué de 15 ans de malentendus»

Photo: Les films Séville
Marilyne Letertre - Métro France

Acteur sociétaire de la Comédie Française, Guillaume Gallienne signe Les garçons et Guillaume, à table!, une comédie autobiographique sur la quête d’identité. Rencontre avec un acteur-réalisateur à l’image de son premier film: drôle, élégant et touchant.

Le film est l’adaptation de votre spectacle. Pourquoi ce prolongement sur grand écran?
Je voulais en faire un film dès le début pour une raison simple: je me fais mon cinéma depuis tout petit. Ce film raconte d’ailleurs la naissance d’un acteur: mon premier rôle a été ma mère, à qui je voulais plaire et ressembler; et mon premier théâtre, la grande bourgeoisie. Mais quand j’ai écrit, je ne pouvais pas réunir le budget nécessaire pour le cinéma: je n’étais connu que chez moi à l’heure du repas. Et j’ai eu la chance qu’Olivier Meyer, le directeur du Théâtre de l’Ouest parisien, me propose de jouer sur scène à Boulogne. Il y a alors eu un buzz incroyable, Les Molière, la tournée en province… Et, au même moment, un programme court sur Canal+. Tout ça m’a apporté une petite assise pour le cinéma.

Votre film soulève des questions très intimes…
Et j’ai eu mon lot de Mireille Dumas en interview! Mais, pire que les questions intrusives, je n’aime pas qu’on résume mon histoire à un «coming in» ou à un «coming out hétéro». Ce n’est pas un film sur un homme qui découvre qu’il n’est ni une fille, ni un homo: c’est un film sur les clichés, la quête d’identité, les femmes, le jeu…

Pourquoi avoir choisi de jouer votre mère?
D’abord parce que c’est un cadeau pour un acteur : elle est irrésistible. Mais aussi, parce qu’avec une actrice, j’aurais été obligé de déformer ma voix, ma gestuelle… Or, je suis constitué de ces 15 années de malentendus et de jeu et je ne voulais pas me «travestir». Jouer ma mère, c’est aussi souligner la schizophrénie latente de Guillaume et la subjectivité de l’histoire: c’est mon délire, ma vérité, pas LA vérité.

Vous lui évitez aussi de sombrer dans la caricature.
Ma mère est un personnage complexe: elle est comme l’archiduchesse Sophie, la mère de Sissi que j’imitais gamin dans ma chambre. Une femme qui, par devoir et pudeur, est corsetée dans une tenue et une retenue. Mais une femme aimante et attendrissante. Je n’aurais pas supporté de la voir trahie et je ne ferai jamais quoi que ce soit qui puisse la blesser, la gêner ou violer son intimité.

Cette histoire aurait pu être tragique. Pourquoi en avoir fait une comédie?
Au cinéma, la différence est souvent réduite au drame ou à la caricature. Moi, je voulais en rire: parce que mes plaies ont été pansées, mais surtout parce que mon comportement d’alors était parfois risible. Guillaume, c’est Bob l’éponge à qui on voudrait dire: «Arrête de tout gober, remue-toi coco!»

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=LdfFOD11Rzo?rel=0&w=640&h=360]
Les garçons et Guillaume, à table!
En salle dès vendredi

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