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Chapeau Rideau!

Photo: Louise Leblanc

Tous les ans, une bonne partie du visage culturel du Québec se dessine lors de la Bourse Rideau. À l’occasion de sa 28e édition, qui s’est déroulée dans la Vieille Capitale, Métro est allé y voir de plus près.

Semaine dernière, rendez-vous au Centre des congrès, où se trouve la Place du marché. Car, voyez-vous, le mot bourse fait ici référence non pas à un prix, mais à la Bourse comme celles du Dow Jones ou du Nasdaq. Et qui dit Bourse, dit marché. Un marché composé des multiples spectacles que proposent les représentants d’artistes d’ici et d’ailleurs aux directeurs de salles de spectacle, producteurs, programmateurs de festivals, etc.

En déambulant dans les allées, on a l’impression de se promener au Salon du livre, mais à la place des bouquins, les agents dans les stands présentent des spectacles. Des représentants de Productions J aux filles anars de Slam Disques à «Vardun», il y en a pour tous les goûts, et cela, autant en musique qu’en danse et en théâtre.

En plus de faire des découvertes et de négocier des ententes, les quelque 1200 participants en profitent pour réseauter et prendre le pouls du marché des arts de la scène d’ici et d’ailleurs, pour discuter de l’avenir des professions artistiques et de collaborations éventuelles. À cela se greffe une dizaine de conférences, tandis que les soirées (et quelques matinées) sont consacrées à des présentations promotionnelles: prestations d’une vingtaine de minutes (40 pour les étrangers) pendant lesquelles les artistes tentent de séduire des salles remplies de professionnels de l’industrie. Si la formule, d’approche très nord-américaine, peut parfois être cruelle, on n’a rien trouvé de plus efficace à ce jour.

Mais ce qu’il y a de jouissif pour les participants, c’est qu’en plus de se faire trimbaler dans des navettes pour assister à un marathon de spectacles (plus de 75), c’est un peu comme si, dans le cas des performances musicales, nous n’arrivions qu’au rappel. C’est-à-dire au moment où sont livrées les pièces les plus percutantes. Par exemple, on a eu droit à une soirée avec le desperado magnifique Antoine Corriveau en trio guitare, batterie et violoncelle, «chose improbable en France», selon un programmateur et le charismatique Dany Placard. Le lendemain, le pertinent Philipe B et le touchant Tire le Coyotte au même programme! Extase pur jus.

Outre ces valeurs sûres, notre séjour fut ponctué de plusieurs moments forts: Barcella, un Français drôle, provocateur et attendrissant qui mêle chanson française et urbanités et dont le vaste registre le promet à un avenir radieux. L’extrait postmoderne de la bande de La Tortue noire, qui «fait avancer le médium de la marionnette à un stade supérieur», nous a subjugués. Le comédien Jean-Philippe Lehoux et son désopilant Napoléon Voyage nous ont autant impressionné qu’un Fabien Cloutier (Scotstown), mais du côté sucré plutôt que givré.

Autres coups de cœur: la soirée Phoque Off au Pantoum. Un triplex tenu par des jeunes artistes où se réunit la faune underground de Québec pour des soirées qui n’auraient pas déplu au jeune Warhol. Jeudi dernier, du théâtre spontané avec une contorsionniste/performeuse à la fois soft porn et trash, un danseur ahurissant et des groupes rock-hipster-punk, dont Caravane!

De la soirée de clôture au Capitole, on retiendra notamment le touchant hommage à Diane Perreault, une battante qui a assuré la survie et le rayonnement de la salle Pauline-Julien dans la très anglophone portion Ouest-de-l’Île de Montréal. Chapeau Rideau.

Physique vs. numérique
Y aura-t-il encore des CD dans cinq ans ? «Cette question me fait toujours penser à la chanson Vidéo Killed the Radio Star. Nous sommes dans un univers où les choses vont cohabiter. Ça éclate dans tous les publics et on a désormais davantage de niches. Selon un atelier où était invité le journaliste spécialisé Fabien Deglisle, une étude démontre que ce sont les 35 ans et plus qui consomment le plus de livres numériques. Les jeunes sont davantage attirés par le livre papier. Il est donc beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions. Une chose est certaine: la rencontre entre un humain spectateur et un artiste sur une scène va toujours exister», avance Colette Brouillé, directrice générale de Rideau et vice-présidente aux affaires publiques.

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