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La femme qui répare les saints

Photo: Photo TC Media - Jean-Marc Gilbert

Les statues des églises de Rivière-des-Prairies ont trouvé leur saint-patron. Marie-Claude Brouillet répare bénévolement les sculptures abîmées de la paroisse, et ce, de sa propre initiative.

Fervente croyante de Rivière-des-Prairies, Mme Brouillet trouvait désolant de voir dans quel état se trouvaient plusieurs statues installées devant des églises du quartier. Lorsqu’elle a vu qu’il manquait un doigt à une statue de la vierge Marie devant une église du boulevard Gouin, elle a offert de réparer les monuments de façon bénévole, une offre que ne pouvait refuser la paroisse.

«À l’âge de 20 ans, je me suis promis que j’allais réparer les saints. C’est maintenant que ça se passe», dit la Prairivoise aujourd’hui âgée de 51 ans, qui se fait appeler «la façonnière de Rivière».

Pourquoi avoir décidé de se lancer dans ce projet, du jour au lendemain? L’artiste, qui fait de la sculpture depuis 1989, explique que l’élément déclencheur a été de voir qu’il manquait un pouce à la main de Marie.

«Je ne pouvais pas laisser ça comme ça. Je suis née avec le petit Jésus dans le cœur. Les saints m’ont tellement aidé. À chaque fois que je les ai priés, ils m’ont exaucé, que ce soit pour moi ou pour quelqu’un d’autre.»

Rencontre particulière
Il y a environ un mois et demi, le personnel de la paroisse se demandait qui était cette dame qui scrutait scrupuleusement les statues devant l’église Saint-Joseph de Rivière-des-Prairies.

«On lui a demandé ce qu’elle faisait là et c’est à ce moment qu’elle s’est offert pour les réparer. Les statues sont plus jolies quand elles sont intactes, alors on prend les offres quand elles passent», dit Lyne Paris, secrétaire-comptable pour la paroisse où s’est tenue la première messe prononcée en Amérique du Nord, le 24 juin 1615.

Depuis, en plus de réparer le pouce de la statue de la vierge Marie, Mme Brouillet a remplacé le nez et la main d’une statue de Saint-Joseph, une œuvre qui a une histoire plutôt spéciale.

Fait particulier, la sculptrice n’utilise aucun outil pour travailler ses formes: seulement ses doigts et ses ongles.

«Ça fait quatre fois que je viens ici juste pour ces statues», insiste Mme Brouillet, qui ajoute que les réparations sont parfois difficiles à effectuer en raison de l’humidité,

Tâche colossale
Une fois que son travail sera terminé sur les œuvres devant l’église, elle compte s’attaquer à celles à l’intérieur.

On lui a déjà indiqué quels monuments avaient besoin de réfection.

«J’ai aussi déjà des plans pour une autre église à Pointe-aux-Trembles et il y a aussi une connaissance à Montréal-Nord qui demande mes services», dit Mme Brouillet qui a du pain sur la planche pour encore longtemps.

Un Saint-Joseph malmené

La statue de Saint-Joseph, située devant l’église Saint-Joseph de Rivière-des-Prairies, sur le boulevard Gouin, a toute une histoire. La tête avait été fracassée et volée par des voyous avant d’être retrouvée six mois plus tard sur les berges de la rivière.

L’acte de vandalisme est survenu il y a trois ou quatre ans, se souvient Lyne Paris.

«Les jeunes malfaisants avaient apporté des bâtons, comme des 2X4, et avaient brisé la tête. On a regardé sur la berge en face de l’église, mais nous n’avons rien trouvé. Ça aurait coûté 30 000 $ juste pour refaire la tête. Nous n’avions pas les moyens», raconte Mme Paris.

C’est un pêcheur qui l’a retrouvé six mois plus tard, sur le bord de la Rivière, mais près d’un kilomètre plus loin.

«En marchant sur la berge, il s’est enfargé dessus. Au début, il pensait que c’était une roche. Je me souviendrai toujours comment il était fier de nous la rapporter. C’est comme s’il avait retrouvé un trésor», relate Mme Paris, précisant que l’homme qui avait fait la découverte était un régulier de cette église.

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