Barcella, le barde à barbe

Funambule des mots, baba cool allumé, semeur de bonne humeur ou «brandisseur» de cynisme, Barcella joue sur tous les registres, pour le plus grand plaisir des amateurs de chanson française et urbaine, qui en redemandent.

C’est à l’occasion de la remise de la bourse Rideau, à Québec, en février 2015, que l’auteur de ces lignes a vu Barcella pour la première fois sur scène. «Ce Français drôle, provocateur et attendrissant, qui mêle chanson française et urbanités, est promis à un avenir radieux», avais-je écrit, encore sous le charme. C’est qu’en plus de la qualité remarquable des textes de ses chansons, ce drôle de pistolet, qui a aussi gagné un championnat de France de slam, sait occuper la scène de façon épatante, résultat de son passage à l’école du cirque. Il a d’ailleurs reçu un Grand Prix Révélation scène de l’Académie Charles Cros pour son spectacle Charabia.

Plus récemement, en l’observant et en l’écoutant parler dans un café du Mile End, on se dit qu’au-delà de l’artiste qui souhaite partager ses émotions et ses états d’âme, Barcella semble investi d’une mission. Comme s’il voulait répandre par la chanson une certaine forme de fraternité humaniste. «J’aime beaucoup cette idée. Nous avons tous le même cœur. C’est difficile de parler de ces sujets-là dans le contexte mondial actuel, où des peuples se déchirent. Je pense que mon rôle en tant qu’artiste – je ne voudrais pas parler au nom de mes collègues – est de tirer vers plus d’humanité et plus d’ouverture.»

«J’apprends systématiquement des gens qui ont une sensibilité différente de la mienne. C’est d’ailleurs eux qui nourrissent de plus en plus ma création», ajoute l’artiste, qui compte écrire des chansons solaires sur des accords majeurs pendant ce passage chez nous, son quatrième, lui qui a plutôt tendance à composer en utilisant des accords mineurs. D’éventuelles nouvelles pièces qu’il fera, fort probablement, écouter à sa maman, professeure de lettres. Celle qui lui a transmis l’amour des mots et de leurs agencements ludiques.

«Je viens d’une culture du cirque novatrice, qui réfléchit à un nouveau rapport au temps et à l’espace. On travaille sur la gravité, le rapport à la lenteur et à l’accélération. Cela m’a beaucoup inspiré dans mon univers musical.» – Barcella, qui, sur scène, utilise plusieurs «perchoirs», comme des blocs ou des balcons

Au fait, de quoi sera constitué son spectacle présenté pour le Coup de cœur francophone? «J’aime bien l’idée d’un arc-en-ciel émotionnel. Les gens rient et pleurent. Mes chansons en sont le reflet. Certaines sont très légères, d’autres sont cyniques, et quelques-unes sont piquantes, car, en même temps, je suis un chanteur à barbe! (sourire) Évidemment, j’ai aussi des chansons nostalgiques. Il y a du relief musical avec des trucs très urbains, très flow, et des trucs plus sensibles», explique l’artiste originaire de Reims, qui sera accompagné de deux musiciens. À découvrir.

Barcella
Avec Joëlle Saint-Pierre
Au Lion d’Or
Samedi à 20h