Éliminer la transmission du VIH à Montréal
Une coalition de 25 chercheurs et de professionnels de la santé demande au ministre de la Santé de mettre en place un programme de prévention qui permettrait d’éliminer totalement les cas de transmission du VIH à Montréal d’ici cinq ans.
Environ 350 personnes sont infectées chaque année par le VIH au Québec, dont environ 61,5% à Montréal, selon l’Institut national de santé publique. Il existe pourtant des traitements préventifs qui, combinés à un effort de dépistage et de sensibilisation, permettraient d’enrayer complètement la transmission du virus du sida.
La prophylaxie pré-exposition intermittente, un traitement préventif appelé communément PrEP, nourrit particulièrement l’espoir des spécialistes. «Il s’agit d’une pilule que les personnes peuvent prendre de façon régulière ou occasionnelle avant d’avoir une relation sexuelle et qui les protège contre le VIH», a expliqué hier le Dr Bertrand Lebouché, chercheur à la Clinique des maladies virales chroniques du Centre universitaire de santé McGill et membre de la Coalition intersectorielle en vue de l’élimination de la transmission du VIH au Québec.
«Il faut que les gens soient au courant que ça existe et que plus de médecins le prescrivent. Que ça devienne comme les contraceptifs.» – Dr Bertrand Lebouché, parlant de la PrEP, un traitement préventif contre le VIH
L’essai clinique Ipergay, mené sur des hommes gais à Montréal et en France, dont les résultats détaillés seront publiés aujourd’hui dans le New England Journal of Medecine, a démontré un taux d’efficacité de 86% de la PrEP. Ces médicaments sont prescrits depuis environ trois ans au Québec dans certaines cliniques spécialisées comme l’Actuel. De plus, les traitements disponibles pour les personnes atteintes réduisent à presque rien le risque qu’elles transmettent le VIH.
Une lettre signée par les membres de cette coalition a été envoyée à Gaétan Barrette le 23 octobre dernier dans l’espoir de discuter avec lui d’une stratégie ciblée, intensifiant les interventions communautaires, encourageant le dépistage et favorisant un traitement plus précoce.
«Un tel plan d’action serait extrêmement efficace, a fait valoir Cécile Tremblay, microbiologiste infectiologue au Centre hospitalier de l’Université de Montréal. Le coût à vie d’une personne infectée pour le système de santé est de 448 000$ à 690 000$. Imaginez ce qu’on économiserait en éliminant 350 infections, notamment avec la PrEP, qui coûte 9 000$ par année.»