Michel Barrette: Quelle drôle de vie
De retour sur scène, l’humoriste Michel Barrette propose Drôle de vie. Un survol de ses (presque) 60 dernières années, pimenté d’une bonne dose d’autodérision et de joyeux malaises.
Il est des personnes si spontanées et sensibles qu’elles vous donnent immédiatement l’impression que vous les connaissez depuis très longtemps, que vous êtes des amis depuis toujours. Michel Barrette en fait partie. Dès son arrivée dans un café du boulevard Saint-Laurent, la conversation démarre sur les chapeaux de roues – normal chez un collectionneur d’automobiles – pour porter sur les… manipulateurs pervers narcissiques! Et hop, le voici parti pour quelques confessions, dont une histoire récente qui le chagrine. On pense tout de suite à la célèbre formule de Vian, selon laquelle «l’humour, c’est la politesse du désespoir».
Une fois ce petit nuage passé, l’homme dont la réputation de noceur invétéré le précédait jadis nous rassure sur son bonheur fidèle des 15 dernières années. Conteur accompli, il passe d’un sujet à l’autre avec aisance. Chez lui, tout se mélange : passions, vie privée, showbiz, etc. Ce qui augure bien pour les dizaines de milliers de spectateurs qui assisteront à son prochain spectacle intitulé Drôle de vie, son 11e en 33 ans de carrière. Un spectacle solo qui, bien qu’il ne soit pas encore écrit sur papier, comme c’est toujours le cas chez Barrette, sera articulé autour de confidences, de voyages, de moqueries, d’anecdotes, du temps qui passe et d’une bonne dose d’autodérision. «Ça sera un survol des presque 60 ans de ma vie. Celle d’un gars qui refuse de vieillir et de prendre sa retraite, qui a toujours 17 ans dans sa tête, qui est fou comme de la mar… et qui aime rester délinquant. Je me poserai certaines questions, du genre : “C’est quoi avoir 20 ans aujourd’hui, comparativement à mes propres 20 ans?” Même chose pour la trentaine, l’âge où on fait des enfants, où ils grandissent. Puis, la crise de la quarantaine, cette décennie où on capote et où on divorce, et ainsi de suite. Ce qui touche tout le monde, puisque chacun se reconnaît dans sa décennie et découvre ce qui l’attend dans la suivante…» explique Barrette en racontant que son père, devenu aigri et désœuvré après avoir pris sa retraite, s’était acheté un chien pour tromper l’ennui. Un jour que Michel téléphone à son paternel, celui-ci lui dit : «Attends, je vais te passer ton frère.» C’était le chien qui jappait dans le combiné! «C’est terrible, la vie, si tu n’as plus de projets.»
«Je ne me donne pas le mandat de changer le monde. Je raconte simplement des anecdotes. Tantôt tu riais, ben, j’étais content. Parce que, pendant que tu ris, tu ne penses à rien et tu es heureux.» -Michel Barrette
L’humoriste se souvient ensuite de son grand-père, un chialeux notoire. «Il était rendu fou. Il traitait de BS les gens qui passaient sur l’autre trottoir de la rue. Ma grand-mère lui a suggéré de construire une cabane à moineaux, histoire de le calmer. Il s’est mis à gueuler après les oiseaux… noirs. “Retournez chez vous! C’est rendu qu’ils viennent dans notre pays pour nous voler nos graines.” Il était devenu raciste d’oiseaux», confie-t-il en s’esclaffant.
Lorsqu’on lui demande le moment qui a été le plus marquant dans sa carrière, celui qui s’est fait arracher les dents dans sa jeunesse par un dentiste véreux d’Alma payé à la pièce, s’attendrit en parlant d’un numéro qu’il a créé avec un de ses fils sur le thème du suicide, il y a deux ans. Une idée sombre, avec laquelle il a lui-même jonglé dans le passé. «Il me personnifiait à 25 ans, et je lui racontais le futur, tout ce qu’il allait manquer s’il mettait fin, à ses jours, dont bien sûr les enfant et l’amour. La carrière incroyable qui l’attendait, et cela même s’il n’avait pas de dents (Roland Hi! Ha! Tremblay), puis à la fin j’ajoutais : “Tu ne verras pas le Québec devenu indépendant, on a acheté l’Ontario et on le loue à la Saskatchewan comme chalet d’été! Pis tu sais quoi? Céline Dion, oui La Colombe, ben elle est rendue cute!”»
Drôle de vie
Mardi 20h
Au Gesù