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Trois ans de souffrance, pour 10 minutes dans la vie de Paula

Beauchemin Philippe - TC Media
Dominic Étienne Simard a passé les trois dernières années en compagnie de Paula, une prostituée… irréelle. Aujourd’hui, le cinéaste parle de son travail sur son premier court-métrage d’animation qui raconte l’histoire de cette femme, d’un enfant et, surtout, d’un quartier, celui d’Hochelaga-Maisonneuve.

C’est au restaurant Cabotins, sur Sainte-Catherine Est, que le jeune homme nous attend. L’endroit n’est pas choisi par hasard; c’est en effet dans ce secteur, près des rues Théodore et Leclaire que M. Simard a croisé, un jour, une prostituée.

« Je me promenais avec ma belle-sœur et mon chien. Cette femme est arrivée devant nous et, sans rien demander ou dire, elle s’est penchée pour flatter mon chien. J’ai été dégouté… Par ma réaction. Je me disais dans ma tête : « eille, toi, la pute, tu n’as pas le droit de toucher mon chien comme ça ». Je me suis détesté de penser ça, alors que je ne suis vraiment pas un gars qui a habituellement des préjugés. Ça m’a donné un choc. Cette rencontre a été l’élément déclencheur de mon processus d’écriture. »

Cette femme, cette prostituée, le cinéaste s’en est inspiré pour donner naissance à Paula, une femme de la rue qui justement pratique son travail dans ce secteur. Ne connaissant pas ce milieu, M. Simard a également imaginé un enfant qui partage cette même rue; pour ce dernier personnage, la rue est synonyme de terrain de jeu, alors que pour la prostituée, il s’agit de l’endroit où elle accoste des clients potentiels.

« Cet enfant me permet de montrer toute la féminité de Paula, son côté maternel et aussi professionnel du sexe. Ça me permet aussi de toucher cette ambiance unique qui se dégage de Hochelaga. Je réside ici, je connais le quartier, sa façon d’être. Je voulais montrer cela dans mon court-métrage », dit-il.

Durant plus de trois ans, il a travaillé sur les images, le scénario, l’histoire qui anime cette Paula. Trois ans de tourmente et de souffrance pour un court-métrage de dix minutes.

« Ce fut très difficile. Surtout la scène de la fin, où il y a de la violence. À l’écran, c’est une minute, alors que pour le dessiner et l’animer, ça m’a pris trois ou quatre mois. Ce fut difficile pour moi, et pour ma blonde. J’avais toujours ces images de violence en tête. Disons que j’étais pas mal soupe au lait durant cette période! »

Évidemment, maintenant qu’il en a fini d’avec cette histoire, M. Simard n’y retournerait pas. « Une fois, c’est bien correct, mais ce n’était pas une partie de plaisir. Par contre, ce procédé, cette recherche, ce temps qu’on m’a donné pour écrire, dessiner et rêver, je le reprendrais n’importe quand. C’est une opportunité en or pour un cinéaste de court-métrage de pouvoir travailler tout ce temps sur un projet, sans avoir à se casser la tête pour le financement. »

ONF

Après des refus de la part du Conseil des arts et de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), l’Office national du film (ONF) du Canada a dit oui à Paula. Cela a permis au cinéaste de développer son court-métrage qui sera présenté en ouverture des Sommets du cinéma d’animation de Montréal, qui se tiendront à la Cinémathèque québécoise, du 1er au 4 décembre.

« Je ne suis pas vraiment nerveux pour cette soirée de première. En fait, je pense que c’est parce que, comme tous ceux qui font de l’animation, j’ai travaillé tellement longtemps là-dessus que maintenant que tout est terminé, la réception du public, c’est un simple bonus. Je suis anxieux, curieux, mais pas vraiment nerveux. »

-Pour en savoir plus sur le film « Paula » et pour connaître les endroits de diffusion de ce court-métrage d’animation, il suffit de passer sur le site de l’ONF : http://www.onf.ca/

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